Si des tensions sont parfois signalées dans certaines régions congolaises, celle de l’Est a presque toujours été marquée par une instabilité permanente. La signature de l’accord de paix d’Addis-Abeba de 2013, sous les auspices de l’Organisation des Nations unies(ONU) avait suscité d’énormes espoirs. Encore que la mise en œuvre de cet accord avait été suivie par la victoire militaire des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) sur la rébellion du M 23. Certes, le M 23 a été vaincu. La paix n’est pour autant pas entièrement revenue à l’Est parce qu’elle est torpillée par de nombreuses milices qui échappent au contrôle des troupes gouvernementales. Elle est aussi souvent menacée par des soldats égarés, voire des civils qui se livrent aux viols des femmes et des filles. Ce phénomène est d’autant plus préoccupant que depuis le déclenchement de la rébellion à l’Est du pays, plus d’un demi million de personnes ont été violées. Le gynécologue Denis Mukwege a dû créer, en 1998, l’hôpital de Panzi, dans la région du Sud –Kivu, pour porter secours aux femmes et aux jeunes filles, victimes de viols. 40.000 d’entre elles, ayant eu le courage de dénoncer ces viols, ont été soignées à l’hôpital de Panzi . En offrant ses services aux femmes et filles de son pays, le Dr Mukwege manifeste ainsi sa foi en la protection de la gent féminine de son pays, en leur avenir et étale ainsi la profondeur de son humanisme.
Ce travail colossal n’a pas échappé au parlement européen qui lui a décerné le prix Sakharov pour l’édition 2014 « pour la liberté de l’esprit.» Ce prix doté de 50.000 euros
(32 .750.000 Francs) encourage, sans aucun doute, Denis Mukwege à s’investir davantage au profit des personnes violées. Ce qui est certainement plus important c’est le rétablissement de la paix et de la sécurité dans cette partie du pays qui regorge d’importantes richesses mais dans laquelle de nombreuses personnes vivent dans la pauvreté. . Il est donc probablement temps que le parlement européen s’implique davantage dans le processus de pacification de ce pays et que l’ONU ressuscite l’accord de paix d’Addis-Abeba de 2013. De sorte que la paix, la justice et la sécurité sortent des rêves et s’installent dans les mœurs.