La Canadienne est la première femme et premier ressortissant du continent américain à diriger l’institution.
Elle aura finalement été le candidat du consensus, établi par les 53 pays-membres de plein droit de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) au bout de longues heures de tractations. C’est que le monde francophone est allé quelque peu en rangs dispersés à Dakar, pour trouver un successeur au Sénégalais Abdou Diouf. L’Afrique, à elle seule, a présenté quatre candidats : le Congo-Brazzavillois Henri Lopes, le Burundais Pierre Buyoya, le Mauricien Jean-Claude de l’Estrac, l’Equato-guinéen Agustin Nze Mfumu.
En face, une seule femme. Michaëlle Jean, d’origine haïtienne, de nationalité canadienne et ancienne gouverneure générale du Canada. « Ce qui s’est passé au huis clos des dirigeants ce dimanche matin, 30 novembre, est exceptionnel. Mais, c’est aussi cela les aléas des organisations humaines. Nous avons dû suspendre pour essayer de trouver un consensus entre les pays africains qui ont présenté différents candidats. Heureusement, nous avons pu rapidement trouver un terrain d’entente autour de la candidature de Mme Michaëlle Jean », a expliqué le président français François Hollande, au cours de la conférence de presse de clôture du XVe Sommet de la Francophonie hier. « La qualité et le profil de Mme Michaëlle Jean ont pu aisément rallier les voix africaines. C’est un choix de raison, un choix qui s’impose. Je crois que cela a aussi facilité le consensus », a assuré le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall.
Place donc à Michaëlle Jean. Son élection, de l’avis de nombreux observateurs, donnera un coup de jeune à l’image de l’OIF. De source introduite, l’aspect-genre, son statut d’ancien chef d’Etat, sa campagne très active sur le thème de la francophonie économique qu’elle a défendu sur les cinq continents pendant ses déplacements de campagne ont joué en sa faveur. Michaëlle Jean prendra ses fonctions en janvier prochain. La francophonie économique, le pari de la technologie dans l’espace francophone et la lutte contre les violences faites aux femmes constituent les principaux défis qu’elle devra relever.
Née à Port-au-Prince, en Haïti, Michaëlle Jean part pour le Québec à l’âge de 11 ans, en 1968, avec sa famille, qui fuit le régime dictatorial de François Duvalier. Diplômée en langue et littérature, elle a été enseignante, journaliste, avant d’être la 27e gouverneure générale du Canada.
