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Dossier de la Rédaction

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Francophones ?

sommet-francophonie-2014-photo-chefs-etatsAlors que s’achève le 15e sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à Dakar, au Sénégal, en présence de nombreux chefs d’Etat, dont le président de la République du Cameroun, Paul Biya, nous pourrions nous poser opportunément des questions qui ne sont au fond ni essentielles ni existentielles, mais qui ont leur importance. La première est simple : sommes-nous francophones ? Oui, assurément, nous le sommes, puisque nous parlons le français, une langue héritée de notre histoire, et adoptée. Mais  nous le sommes au même titre que nous sommes anglophones, bassaphones, doualaphones, fufuldéphones, parce que nous nous exprimons également en anglais, en bassa, en douala, en fufuldé, et en une foultitude d’autres langues. La seconde question est celle-ci : nous sentons-nous francophones ? Cela suggère donc qu’il existe une manière d’être, un ensemble de valeurs et de principes qui distinguent les francophones, et les unissent entre eux. La réponse à cette question est cependant plus nuancée, tant les origines et les traditions socioculturelles, les modes de vie des francophones divergent. Ils viennent en effet d’Europe, d’Afrique et d’Amérique du Nord et comptent aussi bien des puissances économiques avec les produits intérieurs bruts parmi les plus élevés du monde, qu’un gros contingent des pays les moins avancés.

Ces indications sont, nous semble-t-il, le révélateur de la nature actuelle de la Francophonie, qui est sans conteste une institution politique interétatique dont la voix se fait de plus en plus audible sur la scène diplomatique mondiale, mais qui a encore du chemin à faire avant de se positionner comme matrice idéologique référentielle, point de repère ou de recours pour les millions d’hommes et de femmes qui vivent dans cet « espace ». Ce chemin paraît d’autant plus long que le seul pays à 100 % francophone de l’OIF, la France, est aussi celui où s’expriment le plus, et le plus radicalement, les scepticismes sur la légitimité de l’institution, selon divers sondages. Mais à Dakar, l’on a néanmoins entendu le président français déclarer que l’Afrique représentait une partie de l’avenir de la France.

Pour autant, la pertinence du projet francophone demeure. Peut-être l’est-il même plus que jamais dans un village planétaire devenu parangon d’égoïsme, où les capitaux, les marchandises, peuvent circuler plus facilement que les hommes. Le plus grand défi de Michaëlle Jean sera alors d’écrire la Francophonie comme le cadre d’une nouvelle solidarité, le lieu de définition d’un nouvel humanisme. En donnant à ces idéaux un contenu plus concret et plus solide. Pour marquer les opinions publiques, autant que pour prétendre influencer ou infléchir durablement les politiques et les pratiques dans les pays membres, l’OIF doigt défendre avec plus de conviction et avec plus de moyens de persuasion, non pas la langue française, qui demeure certes le premier vecteur d’unité, mais la diversité linguistique et culturelle et le multilatéralisme. L’institution francophone, il faut le reconnaître, a déjà mis sur pied des expériences-pilotes d’apprentissage des langues locales ou Afrique, mais celles-ci demeurent trop isolées. Et ne feront donc pas tache d’huile.

Le second défi de l’OIF après Abdou Diouf sera aussi, selon le vœu exprimé par le président Paul Biya à Dakar le week-end dernier, d’ouvrir l’œil sur les nouvelles menaces qui pèsent sur l’univers francophone, notamment les pays d’Afrique. Parmi lesquels le terrorisme et les extrémismes religieux, sans compter les valeurs d’une autre époque tentent de colporter les sectes islamistes dans un climat de neurasthénie généralisée. Ces violences aveugles et ces hordes de barbares menacent directement l’existence même des Etats et l’OIF, si elle se veut efficace et incontournable, ne peut plus se contenter de clamer sa condamnation et son indignation. Elle doit avoir le courage de faire le choix de l’action, aux côtés des dirigeants et des populations éprouvés qui se trouvent souvent seuls dans leur désarroi. Elle doit savoir accompagner leur énergie à résister aux doctrines et aux assauts des groupes terroristes, et aussi, soutenir de diverses manières leur obstination à y trouver des solutions. Ce combat est d’autant plus urgent qu’il ne concerne pas que l’Afrique. Hier encore, le Canada se croyait à l’abri, jusqu’à ce que le terrorisme le rattrape sur son sol, après l’endoctrinement de l’un de ses citoyens.

En définitive, le sentiment francophone naîtra, si les questions qui préoccupent les francophones dans leur immense majorité figurent au moins dans l’agenda de l’OIF et y font l’objet d’une réflexion approfondie. Pauvreté, libertés, sécurité, c’est un triptyque évocateur du rêve de jeunes Africains, comme de celui de beaucoup d’autres francophones : vivre libre, avec un bon pouvoir d’achat, dans un pays en paix. Sans se substituer aux Etats souverains, et sans se limiter à des leçons de morale aux dirigeants, l’offre francophone doit pouvoir intégrer les aspirations des peuples. Il manquera certainement les moyens. Mais que dire de la volonté politique ? La réponse dépendra de la détermination de la nouvelle secrétaire générale, qui a un triple avantage : elle est femme, journaliste, et originaire d’Haïti.


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