Bannière

Newsletter


Publicité

Bannière
PUBLICITE

Dossier de la Rédaction

PUBLICITE
Bannière

Une spécificité vivace

Rares sont sous nos cieux, ceux qui peuvent prétendre disposer de ressources propres – honnêtement acquises – pour satisfaire les besoins multiformes et nombreux qu’implique la vie moderne en termes de logement, d’équipements divers, de soins de santé et, d’équipements divers, encore plus lorsqu’il s’agit de financer un projet d’envergure. Dans un cas comme dans un autre, le bas de laine – quand il existe – résiste très peu aux sollicitudes les plus pressantes. Dès lors, il ne reste que peu de choix au citoyen – consommateur : il doit emprunter coûte que vaille. L’adresse la plus indiquée dans le cas d’espèce étant la banque.

Problème : les services bancaires se présentent encore comme un monopole réservé à une minorité de privilégiés. Les statistiques sont éloquentes à cet égard. En effet, à peine 14 camerounais sur 100 détiennent un compte dans une banque. Un taux qui en dit long sur la pénétration de ces établissements au sein de la population. Encore que les choses ne soient pas toujours aisées pour l’usager ordinaire quand il s’agit pour lui de solliciter un prêt là-bas. C’est que la banque qui ne fait pas œuvre de philanthropie développe un souci obsessionnel de recouvrer le montant des prêts consentis. Sans concession.

Ainsi, va-t-on exiger de l’emprunteur qu’il fournisse toutes les preuves de sa solvabilité. Les garanties en somme. Et tout y passe. De l’attestation de virement irrévocable de salaire au plan de situation du domicile, en passant par une quittance récente d’eau ou d’électricité… Un parcours du combattant, même si les procédures tendent à s’alléger ces dernières années. Il n’empêche pas que les lourdeurs, côté banques classiques, poussent nombre d’usagers vers les… tontines.

Dans cet autre univers, les garde-fous ne sont pas totalement absents, mais le système offre nettement plus de souplesse, plus de flexibilité. Une ouverture dans laquelle s’engouffrent sans hésiter des milliers de demandeurs plus que ravis de se garnir les poches en évitant les « conditionnalités » drastiques des banques. Une rigueur que d’aucuns assimilent avec une pointe d’exagération à de la tyrannie. Sans compter les réserves liées aux taux usuraires pratiqués. Il en résulte une concurrence de fait entre établissements bancaires et tontines, celles-ci se déployant sous les formes les plus diverses : en famille, entre collègues ou amis, dans le cadre d’associations variées. Parmi les avantages reconnus à ces structures informelles, une certaine proximité tant physique que psychologique. En raison des lieux qui unissent les différents membres. Un aspect humain prépondérant.

Il se tisse alors des liens autour de ces assemblées généralement enchantées qui exsudent bonne humeur et convivialité. Car voilà : si l’argent se trouve irrémédiablement au centre de ces rencontres périodiques ponctuées d’agapes animées, le rapprochement entre membres devient une donnée basique, un élément fondamental de fonctionnement. Un modèle de fraternité et de reliance sociale vécues. Se développent alors des solidarités, voire des complicités éloignées a priori des objectifs originels de la tontine en tant que cadre de brassage de capitaux.

Ainsi, sans pouvoir supplanter les institutions bancaires sur lesquelles elles s’appuient le cas échéant pour garantir leurs dépôts, les tontines tiennent un rôle et une place essentiels dans l’économie nationale. D’autant que le système se nourrit d’un substrat culturel qui a traversé les âges. Ce qui en fait une spécificité vivace, une facette de l’identité nationale qui a encore de beaux jours devant elle. Reste à mettre à contribution l’ingéniosité des hommes afin de parvenir à une indispensable modernisation du mode de fonctionnement. L’enjeu étant de pérenniser et de renforcer les acquis.

Commentaires (0)
Seul les utilisateurs enregistrés peuvent écrire un commentaire!

!joomlacomment 4.0 Copyright (C) 2009 Compojoom.com . All rights reserved."



haut de page  
PUBLICITE
Bannière