Depuis quelques semaines, le volume des musiques et autre publicités se fait de plus en plus assourdissant à Yaoundé.
« Je ne sais pas qui a dit aux camerounais que c’est en mettant le volume à fond qu’une musique est bonne à écouter. En ce mois de décembre la situation s’est empirée. Il est difficile de se concentrer au travail pour ceux qui sont au centre ville et même de prier le soir chez soi», s’indigne David Ndifon, cadre dans une entreprise de la place. Dans un autre quartier, ce sont les malades couchés dans les domiciles qui se plaignent. « Je suis hyper tendue et vous imaginez que les débits de boisson qui entourent ma résidence ne me donnent aucun répit. C’est une cacophonie parce que tous jouent des musiques différentes au même moment. Et tout ceci donne mal à la tête », déplore Marie Brigitte Nkoulou, fonctionnaire retraitée. En plus des débits de boisson, même les particuliers se prêtent à ce jeu à l’occasion des baptêmes, mariages et autres cérémonies. « Depuis hier, nous n’avons pas pu fermer les yeux parce que de vendredi 15 h à samedi 12 h, il y avait fête chez le voisin et la musique était à son comble. Je n’ai pas pu faire ma méditation. C’est déplorable », explique une autre dame.
Si dans les quartiers, les populations sont victimes des nuisances sonores en cette période de fête, il faut relever que la situation n’est guère meilleure dans les marchés. Dans les espaces commerciaux c’est chacun qui y va de son astuce pour aguicher la clientèle. Des haut-parleurs par ci, par là qui crachent des décibels très élevées, les boutiques et les magasins ne lésinent sur aucun moyen pour se faire remarquer. «Le championnat est serré actuellement, il faut attirer le maximum de clients par tous les moyens et ça marche. Il y a des gens qui entrent visiter un espace parce qu’ils écoutent un morceau qu’ils aiment. En fond sonore, les passants ne peuvent pas l’écouter à une certaine distance. Il faut du bruit pour mettre toutes les chances d’une bonne recette de son côté », poursuit Alain Kamgna, commerçant. « Dans les bars, lorsque la musique n’a pas de volume les clients ont l’impression de ne rien écouter. Ce sont eux qui exigent de le faire. Nous sommes obligés de les satisfaire », conclut Adelaïde M., serveuse dans un bar.
Face à cette situation, les victimes se débrouillent comme elles peuvent. « Actuellement, je suis obligé de tout fermer à la maison afin de bien regarder mes programmes de télé ou encore écouter la radio. Dans d’autres pays, ces troubles de voisinage sont sanctionnés. Chez nous, on les caresse. On va faire comment? On supporte », conclut Pauline Nkouaga, secrétaire.
