Le congrès du parti au pouvoir qui s’est achevé, le 6 décembre dernier, joue les prolongations. Le chef de l’Etat zimbabwéen, Robert Mugabe, a désigné, avant-hier, l’ancien ministre de la Justice, Emmerson Mnangagwa,(68 ans) vice-président de la ZANU-PF, parti au pouvoir et donc premier vice-président de la République .
Si ce rebondissement était attendu à la suite du limogeage de l’ancienne vice-présidente de la République, Joice Mujuru, il y a lieu de relever que le nouveau vice- président de la République semble avoir pris le dessus sur l’ancienne détentrice de ce poste dans la guerre de succession qui les opposait et déchirait la ZANU-PF depuis plusieurs années. Non seulement Mnangagwa effectue son entrée au comité central et au bureau politique du parti au moment où Mujuru en sort, mais aussi et surtout , celui que les Zimbabwéens ont surnommé « Ngwena »(le crocodile) est devenu le possible successeur du président de la République à la tête de l’Etat et du parti . Mnangagwa est considéré comme l’un des fidèles de Mugabe et l’un des hommes les plus riches du pays avec notamment des intérêts dans les mines d’or. Avant son portefeuille de la justice, il a exercé les fonctions de ministre du Logement rural, de la Sécurité nationale ainsi que celui de la Défense.
En même temps que la nouvelle redistribution des cartes opérée par Robert Mugabe assure le repositionnement de certaines élites sur la scène politique, elle assure la reprise en main des affaires du parti et du pays par le chef de l’Etat. Ce n’est donc pas un hasard si celui-ci a été désigné candidat de la ZANU-PF pour l’élection présidentielle de 2018. Ce n’est pas un hasard non plus si Mugabe « a réalisé et officialisé » le souhait du congrès en nommant secrétaire aux Affaires féminines de la ZANU-PF et donc présidente de la ligue des femmes du parti , son épouse Grace Mugabe . Pour de nombreux observateurs, Grace Mugabe intègre du fait de sa nomination à la tête de ligue des femmes, le bureau politique de la ZANU-PF. Elle est placée, par la même occasion, dans la course à la succession du président de la République quoiqu’elle soit relativement jeune en politique. Grace Mugabe et Emmerson Mnangagwa n’auront pas à en découdre pour conquérir l’investiture de la ZANU-PF pour une quelconque élection, comme le croient certains, à partir du moment où Robert Mugabe a été désigné candidat du parti pour la prochaine présidentielle.