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Dossier de la Rédaction

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Trois visages, trois moteurs

La semaine qui vient de se terminer est, pour le Cameroun et les observateurs, édifiante à plus d’un titre. Nous y avons vécu trois événements importants : l’annonce par le chef de l’Etat de la remise sur les rails du Plan spécial d’urgence, plan revisité, repulpé, densifié, précisé, et réévalué à 925 milliards de francs sur trois ans ; l’adoption par le parlement de la loi sur la lutte contre le terrorisme, saluée par les uns, chahutée par les autres ; et enfin l’avènement réussi de Promote, la foire internationale de l’entreprise de Yaoundé, dont l’affluence confirme d’édition en édition, son positionnement comme un des plus grands rendez-vous africains du genre. Voilà trois respirations de la vie nationale qui, à première vue, n’ont pas de lien évident les unes avec les autres, puisqu’il s’agit, ici, du chef de l’exécutif dans son rôle de prédilection : donner le cap à son gouvernement ; là, du Parlement dans sa mission régalienne de légiférer, et plus loin, du monde des affaires dans sa légendaire ébullition. Et pourtant… En poussant plus loin l’analyse, on s’aperçoit qu’en quelques jours, le Cameroun a dévoilé à travers ces trois événements majeurs, trois visages différents, trois symboles de sa marche en avant, qui forment un tout, qui peuvent et qui doivent s’harmoniser, puisqu’ils balisent son chemin vers l’émergence.

Il s’agit d’abord de la confiance. S’il est un fait qui exsude sans ambigüité aucune du sillage lumineux que constitue le parcours exceptionnel de Promote depuis sa création, c’est bien la confiance retrouvée entre le Cameroun, les investisseurs, et les partenaires au développement. Après une décennie de sévère crise économique et sociale, suivie de longues années de quasi hibernation ayant fait le lit de la corruption, le Cameroun était regardé comme un immense espoir évanoui, sans perspective de rédemption ni de résilience. Puis le chef de l’Etat a donné le cap de la reprise économique et engagé un combat acharné et inédit contre la corruption. Parmi les initiatives remarquables pour sortir le pays de la torpeur et redorer son blason, il y avait la foire internationale Promote, portée concomitamment par le gouvernement camerounais et une fondation suisse. Avec aujourd’hui plus de 1200 entreprises participantes dont 250 étrangères, 1000 rendez-vous d’affaires, 55 conférences-débats, des dizaines d’apéros thématiques suivis à chaque fois par plus de 100 chefs d’entreprise, sans compter les dizaines de milliers de visiteurs, on peut dire que Promote est devenue un baromètre précieux de l’attractivité économique du Cameroun. Une vraie sucess story. Même s’il est clair par ailleurs que notre pays a encore beaucoup à faire pour assainir le climat des affaires et attirer encore plus d’investisseurs et de capitaux.

Il s’agit ensuite du volontarisme de la politique économique telle qu’elle transparaît à travers le Plan spécial d’urgence. Ce programme économique ambitieux aux visées sociales manifestes, est perçu comme un marqueur d’histoire révélateur de la volonté présidentielle d’accélérer le rythme et les performances de la croissance économique. Tout en continuant à opérationnaliser les réformes structurelles nécessaires à la transformation de l’économie, et à conduire les projets inscrits au budget régulier de l’Etat. L’enveloppe confortable de 925 milliards qui y est dédiée apporte la preuve, s’il en était encore besoin, que l’accélération de la vitalité économique reste bien l’un des moteurs de la politique des Grandes Réalisations. Pour nous aider à construire la prospérité, qu’ils espèrent partager avec nous, les investisseurs ont besoin de signaux forts de notre propre engagement à nous débarrasser des oripeaux du passé pour construire l’Etat moderne, qui repose sur le partage équitable des fruits de la croissance.

Il s’agit enfin de la solidité des institutions, condition Sine qua non de la viabilisation de l’Etat et du pays. En adoptant la loi sur la lutte anti-terroriste au milieu des cris d’orfraie, le Parlement a émis un message clair : c’est la stabilité de l’Etat qui garantit le développement économique, les libertés et l’Etat de droit. L’émergence du Cameroun est-elle possible sans un Etat central fort, des institutions démocratiques solides, à même de déployer efficacement un arsenal militaro-judiciaire approprié pour juguler les menaces sérieuses sur sa sécurité ? La réponse coule de source. Les exactions de Boko Haram, celle des rebelles centrafricains sur le sol camerounais sont loin d’être anecdotiques. Même les Camerounais les plus raisonnables et les moins paranoïaques s’interrogent désormais sur les visées réelles des incursions quasi-quotidiennes sur notre sol de Boko Haram, alors que le Cameroun n’est pas concerné par le combat idéologique ou politique que mène la secte islamiste.

La décision de répondre à cette déclaration de guerre des extrémistes par un déploiement conséquent de la force militaire aux frontières est salutaire et saluée. Mais il n’est pas superflu, nous semble-t-il, que celle-ci soit complétée par un arsenal juridique spécifique, précisément parce que nous sommes un Etat de droit, où le droit de vivre en paix des citoyens et la stabilité de l’Etat doivent être défendus vigoureusement, je dirais même contre vents et marées. Personne ne niera cependant que le droit des Camerounais à manifester est aussi un précieux acquis à préserver. Mais la frontière est parfois étriquée, sinueuse et escarpée, en temps de guerre, entre la nécessité de préserver les libertés individuelles, et celle de maintenir la stabilité de l’Etat. L’écrivain et polytechnicien français Marc Guillaume, cité ce mois-ci par La Revue, écrit à ce propos : « Nous vivons une époque où la démocratie est notre impératif, mais nous découvrons qu’il faut parfois la remettre à plus tard ! »

Confiance, économie solide, solidité des institutions. Le Cameroun a montré cette semaine ces trois facettes. Pour continuer à avancer sur la route du développement démocratique, il en aura encore besoin, comme d’un moteur à trois temps. Le gouvernement, et tous les Camerounais, doivent donc continuer à y travailler. Inlassablement.

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