Le constat a été fait lors de l’organisation de la foire agro-pastorale organisée dans la région et qui s’est achevée mercredi.
L’insécurité alimentaire menace trois départements de la région de l’Extrême-Nord : Mayo Sava, Mayo Tsanaga et Logone et Chari. Pour cause, d’après le délégué régional du ministère de l’Agriculture et du Développement rural de l’Extrême-Nord, Abakachi, la frontière que ces localités partagent avec le Nigéria voisin, fief de la secte Boko Haram est en proie à l’insécurité qui secoue la région depuis quelques mois. Cette situation a produit un impact négatif sur les productions agro-pastorales. Les populations ont connu de pertes importantes à cause de l’abandon des bétails et des champs. Elles ont été confrontées aux difficultés d’entretien des parcelles et à l’absence d’encadrement des agents agricoles frappés par l’interdiction de circuler à moto.
C’est dans ce contexte de tension que la foire agro-pastorale régionale de l’Extrême-Nord, édition 2014 est organisée du 22 au 23 décembre 2014. Plus de 200 produits y sont exposés. Tenant compte des difficultés suscitées, ce rendez-vous entre les agriculteurs, les éleveurs, les autorités et les partenaires techniques et économiques a pour objectif de créer un espace d’échange convivial. Le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, Midjiyawa Bakari, qui a lancé cet évènement, en encourageant les producteurs, a constaté avec beaucoup de plaisir leur dévouement et leur engagement. Il dira que, « malgré les aléas climatiques et sécuritaires vous êtes venus nombreux présenter le fruit de vos labeurs ».
Le délégué régional du Minader a saisi l’occasion de la cérémonie de lancement pour brosser le bilan de la campagne 2014 qui s’achève. Sur le plan agricole, dans toute la région, on enregistre quatre départements qui présentent un bilan céréalier déficitaire du fait, soit de l’insécurité, soit de la pluviométrie insuffisante. Selon les statistiques, un déficit de récolte est évalué à -132 000 tonnes au regard des besoins alimentaires régionaux évalués à 770 300 tonnes. La mauvaise production due à l’insécurité pour les trois départements affectés, s’évalue à 121 870 tonnes de céréales, soit un manque-à-gagner estimé à 30 milliards de F. Sur le plan pastoral, c’est grâce à l’insistance dans la sensibilisation des éleveurs sur les cultures fourragères, la gestion rationnelle des points d’eau et des pâturages, la sensibilisation sur l’importance de la vaccination et le déparasitage que la production enregistrée s’élève à 8 294 tonnes de viande bovine, 352 tonnes de viande d’ovins, 833 tonnes de viande de caprins et 65 tonnes de viande de porcins.
Dans ces conditions, pour le délégué régional du Minader, Abakachi, « la sonnette d’alarme est lancée pour améliorer la production afin d’éviter une catastrophe de la famine »-a-t-il dit. Ce grand rendez-vous du « donner et du recevoir » à travers ce partage d’expérience, doit stimuler l’intérêt et l’innovation chez les principaux acteurs du monde rural.
