En remportant avant-hier l’élection présidentielle, Béji Caïd Essebsi a réalisé un exploit. Le succès à la présidentielle est retentissant pour le nouveau chef de l’Etat et son parti Nidaa Tounès car il survient moins de deux mois après leur victoire aux législatives.
L’ascension fulgurante de ce parti laïc, créé il y a seulement deux ans, traduit le recul du parti islamiste Ennhada dans un contexte où l’essentiel du pouvoir revient au gouvernement. Le président de la République ayant vu ses pouvoirs limités par la constitution adoptée au début de cette année, afin d’éviter un retour à la dictature. Bien que n’ayant pas acquis la majorité absolue au parlement, Nidaa Tounès est devenu le nouveau parti dominant. Certes, pour diriger le pays , la formation hétéroclite fondée par Béji Caïd Essebsi est appelée à constituer une coalition stable en composant notamment avec le parti islamiste Ennhada qui demeure la deuxième force politique du pays . La victoire du leader de Nidaa Tounès à la présidentielle est à la fois logique et symbolique. Elle se situe dans le prolongement de la victoire aux législatives et montre que les Tunisiens ont souhaité tourné la page et tenté une nouvelle expérience politique après l’échec du régime islamiste.
Le temps est donc désormais consacré à l’action. Cette action passe par la culture de l’esprit de consensus au sein des partis politiques et la consolidation des options démocratiques qui ont démontré leur vitalité au cours des deux récents scrutins. Elle suppose également le renforcement du dispositif sécuritaire de la nation. En effet, l’insécurité n’a pas entièrement reculé dans le pays. La preuve en est que le dernier jour de la campagne électorale pour la présidentielle, l’armée nationale a neutralisé une bande d’individus qui tentait d’attaquer une école dans la localité de Haffouz où du matériel électoral avait été stocké, selon le ministère tunisien de la Défense. Encore faut-il souligner que la Tunisie est confrontée à de multiples attaques attribuées à la mouvance jihadiste depuis le déclenchement de la révolution d’octobre 2011, notamment le long de la frontière avec l’Algérie. Il s’agit aussi de relancer la croissance économique et faire de nouveau actionner le moteur du développement. Les Tunisiens, et plus particulièrement les jeunes, en attendent beaucoup pour réapprendre à infléchir la courbe du chômage et de la pauvreté, dès la prise de service du nouveau gouvernement en février 2015.