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Dossier de la Rédaction

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Franchissons le Rubicon, dit-il

A force d’accumuler, dans le domaine de la gestion des affaires du pays, des réalisations juste au dessus de la moyenne, il est fort à craindre que les Camerounais se soient habitués à se contenter de ces quelques bonnes notes, suffisantes pour éveiller en eux une certaine autosatisfaction, sans les contraindre à rechercher l’excellence outre mesure.

Comme un élève partagé entre dilettantisme et engagement, à qui le maître inscrirait toujours cette observation désabusée sur son carnet de notes : «Elève doué ; peut mieux faire ! ».
En effet, depuis sa sortie des programmes d’ajustement financier et économique imposés par le Fonds monétaire international en 1991, le Cameroun n’a cessé de voguer sur les eaux calmes d’une croissance économique aux alentours de 5 %, avec une bonne maîtrise de l’inflation et de bons agrégats macroéconomiques. Mais ce niveau de performance ne saurait pourtant suffire, au regard de la demande sociale et des « besoins criants et urgents », mais aussi au regard des objectifs affichés par le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE), dont l’ambition n’est pas moins que de faire du Cameroun un pays émergent d’ici 20 ans.
Dès lors, le message présidentiel de fin d’année est aussi, en filigrane, une lancinante interrogation du capitaine du bateau Cameroun : pourquoi nous cantonner dans la sécurité précaire des rivages vaseux, au lieu d’oser avancer vers la haute mer, où les courants et les vents peuvent nous propulser bien plus loin sur la route du futur ?
Toute la démonstration, tout l’argumentaire développé mercredi dernier par le président de la République dans son adresse aux Camerounais, nous paraît donc avoir
une double finalité : d’une part, envoyer le signal fort à son gouvernement, mais aussi à la nation entière, qu’il est grand temps d’aller plus loin dans la relance économique; d’autre part, convaincre ses compatriotes que le défi sécuritaire, dans ce contexte précis, s’est imposé comme une priorité, face aux agressions extérieures.
Que peut-on bâtir dans l’instabilité ? Il est loisible de le constater : les coups de boutoir de Boko Haram et des bandes armées venues de RCA sont devenus une affligeante banalité à nos frontières occidentale et orientale.
La réponse se devait d’être à la fois immédiate et cinglante. Comme un chef d’équipage qui connaît intimement la configuration du vaisseau et le potentiel de son équipage, le chef de l’Etat a ainsi indiqué, presque jusqu’aux détails, les mesures correctives à apporter à la stratégie gouvernementale, dans le but d’accélérer la croissance économique. Ces mesures vont dans trois principales directions :


L’allègement des procédures administratives. Ici, la culture du résultat bien comprise implique que l’éléphant que constitue l’administration camerounaise soit
un facilitateur, un allié, et non un obstacle insurmontable. La mise en oeuvre du Plan d’urgence et des projets structurants de seconde génération devra donc être
conduite de manière plus efficace, à travers un allègement des procédures administratives et une minoration des conflits d’intérêts entre les décideurs intervenant
dans le processus.


Le développement des industries de transformation. Parce qu’il n’y a pas de grand pays sans industrie, une bonne politique industrielle consiste à la fois à faciliter la création de nouvelles unités, mais aussi à doser le protectionnisme – ce mot est certes hérétique dans une économie libérale, mais sa pratique est fort répandue – pour protéger les unités existantes. Ainsi serait-il logique de ne pas continuer à importer ce qui est déjà produit localement, à moins de jouer de la taxation fiscalo-douanière pour décourager les importateurs.


Les incitations à l’investissement privé. Le secteur privé étant appelé à devenir le moteur de la croissance économique, Paul Biya invite les hauts fonctionnaires
compétents à multiplier les incitations auprès des investisseurs privés nationaux et étrangers, notamment au moyen d’une politique fiscale plus adaptée à une économie en expansion. Au total, l’interventionnisme économique de l’Etat doit aller décroissant, afin que l’Etat central puisse jouer convenablement son rôle de régulateur.


Comme on peut le constater, le président de la République n’a rien laissé au hasard. Avec conviction et pugnacité, il a défendu la nécessité pour le Cameroun d’aller
plus loin que la ligne rouge de l’inertie. Avec force arguments et démonstrations, laissant l’impression d’une maîtrise parfaite des dossiers, dont il semble suivre avec une ténacité aiguë les péripéties dans les dédales de l’administration. Par-dessus tout, c’est sa détermination à construire le pays émergent dont nous rêvons tous qui transparaît ici, par le biais de son appel pressant à nous projeter dans la modernité.
Au-delà du Rubicon! Oui au-déla de ce fleuve que ne devaient jamais franchir jadis les généraux qui commandaient les provinces romaines, il y a des trésors d’avenir. Nous sommes invités, exhortés à trouver l’audace, la confiance, l’âme, tel Jules César hier, pour franchir le fleuve imaginaire de la peur, de nos tares et atavismes, de nos divisions. Malgré l’insécurité qui nous étreint, surtout à cause d’elle d’ailleurs. En consolidant l’économie, nous nous donnerons les moyens d’assurer pour longtemps notre paix et notre sécurité.

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