Mgr Joseph Djida décédé  mardi dernier  laisse la communauté chrétienne catholique sans voix. Les derniers jours et le parcours du prélat.

L’image reste figée. La conférence-débat consacrée aux 60 ans du Collège bilingue de Mazenod vient de s’achever. Mgr Joseph Kleda, archevêque de Douala, produit de cet établissement, descend de l’estrade pour aller chercher Mgr Joseph Djida, ordinaire des  lieux, qui s’est fondu dans la foule comme il aimait et savait bien le faire. C’était le 5 décembre dernier à Ngaoundéré. Un mois plus tard, presque jour pour jour, le destin  bascule.

Dans un communiqué mardi soir, Mgr Joseph Kleda, en sa qualité de président de la Conférence épiscopale nationale, annonce le décès brusque de Mgr Joseph Djida. Emoi et consternation au sein de la communauté chrétienne catholique de Ngaoundéré. Voire de Garoua, Maroua et de tout le pays. Mgr Joseph Djida toujours souriant, semblait se porter comme un charme. Il dégageait une pétillante sérénité et rayonnait de vie dans les rues de Ngaoundéré où il n’hésitait jamais à s’arrêter pour dire bonjour à un fidèle, célèbre ou anonyme. Ces derniers jours, il a animé beaucoup de célébrations eucharistiques et coordonné une kyrielle d’actions pastorales. A Noël, il a demandé aux fidèles de vivre dans la « simplicité et l’amour ». L’évêque a ensuite reçu les vœux de Nouvel An de ses collaborateurs et des fidèles à la paroisse du Cifan.

Lundi dernier, certains fidèles l’ont vu au volant de sa voiture en journée. Dans l’après-midi, il devait  prendre le train à la gare de Ngaoundéré pour se rendre à l’Assemblée  générale des évêques à Nkongsamba, via Yaoundé. Il avait même déjà passé un coup de fil à Yaoundé pour qu’on vienne le chercher à la gare. L’abbé Serge Zinga Zé, l’un des vicaires de la cathédrale Notre Dame des Apôtres de Ngaoundéré, officiant de la messe de 6h hier, relatait ainsi aux fidèles les dernières heures de Mgr Joseph Djida. Dans l’après-midi, rapporte-t-il, aux alentours de 17h, « le Père Evêque a eu un malaise pendant qu’il était entouré de quelques  prêtres, à l’evêché, vers le petit séminaire. Transporté de toute urgence à l’Hôpital norvégien de Ngaoundéré, il décède en cours de route. » Ainsi s’achève la vie de ce prélat qui a passé toute sa vie dans les couvents.

Troisième prêtre originaire du Grand Nord après les pères Mfouakouet Victor et Claude Marie Dawai, Mgr Joseph Djida est ordonné prêtre le 5 décembre 1976 par Mgr Yves Plumey, son père spirituel. Il accède à la charge épiscopale le 25 février 2001. L’ancien recteur du Grand séminaire Saint Augustin de Maroua succédait ainsi à Mgr Jean Pasquier qui avait renoncé à sa charge en octobre 2000. Membre de la Congrégation des Oblats de Marie-Immaculée, Mgr Joseph Djida était considéré comme le gardien du temple de l’église catholique qui est à Ngaoundéré, voire dans le tout Grand Nord. Par ailleurs, il était le symbole du syncrétisme religieux et du dialogue des religions. Ses parents, originaires du Mayo Darlé, étaient des musulmans. Il meurt en sa 70^e année, laissant des fidèles éplorés, une famille inconsolable et une œuvre inachevée. Avec sa disparition, c’est une génération de missionnaires nés et établis dans le Grand Nord qui disparaît. Son siège épiscopal, vacant depuis mardi, est couvert.