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Dossier de la Rédaction

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Interview: «La détermination des soldats camerounais est plus grande.»

Pr. Joseph-Vincent  Ntuda Ebode, géostratège, enseignant à l’Université de Yaoundé II-Soa, revient sur les attacques a repetition du secte Boko Haram.

Avez-vous le sentiment, au vu des récentes victoires enregistrées que les forces camerounaises semblent mieux appréhender la menace que représente la secte Boko Haram aujourd'hui?

Bien évidemment. Comme dans toute guerre, il y a un moment pour l'observation de l'ennemi qui correspond à l'évaluation de ses forces et faiblesses, un moment pour la planification de la riposte et du rassemblement des hommes et des moyens, un moment pour la projection des forces, un moment pour l'occupation effective du théâtre des opérations.

Après cette occupation, commence une évaluation continuelle aux fins d'ajustement, en fonction de la manière dont se déroulent effectivement les batailles. Sur la base de ce qui vient d'être dit, il faut comprendre, non seulement que la stratégie camerounaise évolue en fonction du comportement de l'ennemi sur le terrain, c'est-à-dire, de la prise en compte des retours d'expérience, mais aussi, qu'au stade actuel, pour répondre directement à votre question, les forces camerounaises appréhendent mieux la menace que cela ne fut le cas au début des hostilités.

Vous aurez compris que le redéploiement des effectifs, la réorganisation des territoires de commandement, les changements des commandants d'unités et l'utilisation de telle ou telle unité, de telle ou telle logistique ou l'occupation de tel ou tel site correspond aux renseignements reçus du terrain en rapport au comportement de Boko Haram et atteste une meilleure appréhension de la menace.

Qu'est-ce qui explique ces retours des assaillants sur le territoire camerounais malgré les défaites subies?

Plusieurs raisons peuvent être avancées. D'abord, la nécessité de la manœuvre, ensuite, la position du site en rapport à leurs stratégies, la volonté de faire jonction avec les cellules dormantes au Tchad et en Centrafrique et enfin, la détermination du groupe à montrer qu'il peut défaire tout Etat, y compris le Cameroun.

C'est peut-être le lieu de dire que la capacité de résilience des forces camerounaises surprend nombre d'observateurs, y compris Boko Haram. Dans sa logique, défaire autant d'unités au Nigeria, pays plus grand que le Cameroun signifie automatiquement être en mesure de défaire aussi les forces camerounaises et ceci, d'autant plus que, dans leur posture de départ, les forces camerounaises n'étaient que réactives, laissant ainsi aux assaillants l'initiative des combats. En réalité, Boko Haram se trompe sur deux éléments majeurs.

D'abord, il oublie que les combats qu'il mène au Nigéria sont des batailles entre compatriotes. Par contre, les imposer au Cameroun devient une agression extérieure à l'intégrité de notre territoire. La détermination et la motivation des soldats camerounais sont donc plus grandes que celles de certains soldats nigérians. Par ailleurs, Boko Haram n'a pas tenu compte du fait qu'en face, il aura à faire aux professionnels de la guerre.

En somme, au-delà de sa volonté de déstabiliser le Cameroun, en étendant sur cette partie ce qu'il fait déjà au Nigeria, le rêve de Boko Haram et de ses alliés aujourd'hui, c'est d'entendre qu'ils ont pris, comme c'est le cas déjà au Nigeria, un camp militaire camerounais, dans l'optique d'avoir un avantage psychologique, dont il pourrait se servir dans sa propagande médiatique, pour capter les fonds, rallier les hésitants et maintenir l'unité du groupe.

Quel poids faut-il donner aux récentes mises-en-garde du chef de cette nébuleuse aux autorités camerounaises?

Il faut les prendre au sérieux. D'abord parce qu'elles sont le cri d'un lion blessé; on sait, en effet, aujourd'hui que la secte a perdu beaucoup de ses têtes dans ses multiples affrontements avec le Cameroun. Elles sont, par ailleurs, à prendre au sérieux parce qu'elles peuvent n'être en réalité qu'un appel masqué lancé aux différentes cellules dormantes disséminées ça et là à travers le territoire.

En fait, il faut bien comprendre qu'essuyant des échecs face aux forces conventionnelles, il ne lui restera bientôt qu'à réinvestir les activités dans lesquelles  fructifient la plupart des groupes terroristes : les attentats et les prises d'otages. Les Camerounais doivent dont être plus vigilants encore. La guerre n'est qu'à ses débuts, elle sera longue. On doit se préparer.

Comment percevez-vous le message de l’Union africaine dans la lutte que mène le Cameroun contre Boko Haram ?

Pour tout Camerounais, c'est un soutien qui devrait aller droit au cœur. En effet, après la solidarité qui s'est manifestée vis-à-vis de Paris à la suite de l'affaire Charlie Hebdo il y a trois jours, des interrogations sont nées sur le silence des Africains face à la lutte que mène le Cameroun contre Boko Haram.

Ce soutien redonne donc de la vigueur à nos soldats sur le champ de bataille, du réconfort aux familles des décédés et de la crédibilité à nos outils de défense et de sécurité. Ce message donne sens à la vision camerounaise et à compter désormais, le Cameroun dont les forces de défense et de sécurité étaient déjà respectées au monde en raison de leur loyalisme aux institutions et de leur professionnalisme dans la lutte contre la piraterie maritime, vient d'ajouter un point de son panier de gloire.

Le Cameroun c'est aussi en Afrique, le pays dont les forces ont courageusement fait face aux terroristes de Boko Haram. Bien évidemment, cette posture acquise au prix du sang fera aussi des jaloux. Nous devons rester sobres dans la victoire. La guerre continue et on vaincra.

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