Samedi dernier, les panélistes d’ « Electorat » sur Magic FM ont diversement apprécié la présence des troupes de ce pays voisin.
Le débat sur « Electorat » de Magic Fm de samedi dernier a consacré environ 80 des 120 minutes de l’émission à cette question. Celle de la présence annoncée des troupes tchadiennes, venant en appui aux forces de défense camerounaises dans le cadre de la lutte contre Boko Haram. Une présence annoncée par le président de la République, dans un communiqué rendu public par le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary jeudi dernier. Les sept panélistes ont diversement apprécié cette annonce. Ainsi, si pour le politologue Hans de Marie Ngoup, la décision du président Idriss Deby Itno est la conséquence « de pressions venues de l’extérieur et notamment de la France », même si comme on le verra plus loin, il n’est pas du tout opposé à cet appui tchadien au Cameroun, Emmanuel Mbegnoun, responsable de la communication du Social democratic front (SDF) pour le Centre s’élève contre ce qu’il appelle « la victimisation de l’Afrique. » Pour lui, « on ne peut pas toujours prendre la France comme ce pays qui décide de tout en Afrique… On présente le Tchad comme un pays qui subit les injonctions de la France. Le Tchad a le droit de porter secours au Cameroun», souligne-t-il. Alain Marc Kakè, expert financier pense même qu’il s’agit d’une entrée tardive : « Je déplore le fait que le Tchad rentre dans cette guerre un peu tardivement. L’entrée en guerre du Tchad est une bonne chose pour prouver à l’opinion que l’Afrique peut se prendre en charge », lâche-t-il.
Certains comme le militant de l’Union des populations du Cameroun (Upc) Mayi Mayi ont clairement affiché leur hostilité à la présence de troupes étrangères sur le sol camerounais. « Je suis hostile à l’introduction au Cameroun de toute armée étrangère. » Pour lui, la présence de soldats de l’armée tchadienne ne serait qu’ « une insulte à nos forces armées… L’armée camerounaise est capable de défendre l’intégrité de son territoire », soutient-il. Une opinion que n’a pas partagé le journaliste Christian Lang « la souveraineté et la défense de l’intégrité territoriale ne signifient pas ostracisme. L’aide peut être apportée de plusieurs façons », et il salue le soutien opérationnel qu’apporte l’armée tchadienne. Pour Aimé Cyprien Olinga, le président du Front démocratique révolutionnaire (FDR) même si l’armée camerounaise reste « une armée puissante », l’implication tchadienne dans ce conflit se justifie dans la mesure où elle apportera un plus en matière de puissance de feu face à la secte Boko Haram. « Commencer à soupçonner la France et les autres alors que le chef de l’Etat a salué leur aide (Ndlr, allusion au message de fin d’année du chef de l’Etat) serait aller trop vite en besogne. » Pour le politologue Ngoup, l’aide qu’apporte l’armée tchadienne arrive au bon moment, dans la mesure où les forces de défense camerounaises sont en position de force sur le terrain « quand vous êtes agressé par un ennemi, si tout de suite vous criez à l’aide, vous apparaissez comme un faible », souligne-t-il pour relever que le moment choisi par la plus haute autorité de l’Etat, dans son message au corps diplomatique, et après les nombreuses victoires des forces de défense pour indiquer que les agressions dont est l’objet le Cameroun pourrait ne pas en faire la seule victime, était le bon. Pour Franck Hubert Ateba, président de l’Ong Afric’ Avenir, « la solution contre Boko Haram est globale » et concerne l’ensemble des pays membres de la Commission du Bassin du Lac Tchad. Tous les panélistes invités par le présentateur Jean Patient Tsala se sont au moins accordés sur un fait : les forces de défense camerounaises n’ont jusqu’ici abandonné aucun pouce du territoire national aux membres de la secte islamiste Boko Haram.
Synthèse de Jean Francis BELIBI
