L’annonce d’un accord relatif à la formation d’un gouvernement d’union nationale mérite, en principe, d’être saluée. Elle prouve que malgré les vents contraires, l’Organisation des Nations unies (ONU)
n’a pas abandonné ses efforts de médiation pour une sortie de crise en Libye.
Certes, toutes les parties en conflit ne participent pas aux négociations de Genève desquelles émerge la proposition d’un gouvernement d’union nationale. On ne peut pour autant pas affirmer que tous les absents soient fondamentalement opposés à ces négociations puisque FAJR Libya, une importante coalition regroupant des milices libyennes qui contrôle notamment la capitale Tripoli et soutient le gouvernement qui y est installé, a annoncé un cessez-le-feu sur tous les fronts. Deux jours après cette annonce, l’armée libyenne fidèle au gouvernement dirigé par le premier ministre Abdallah-al –Theni et reconnu par la communauté internationale, a annoncé, à son tour, un cessez-le-feu. Les négociateurs n’ont pas perdu de vue qu’au sein de ce pays, deux gouvernements et deux parlements coexistent. A l’est, plus précisément à Al Baida, a élu domicile le gouvernement d’Abdallah-al –Theni. Son parlement, issu des élections de juin 2014, siège à Tobrouk à 200 kilomètres des locaux du gouvernement légal. Le fer de lance des légalistes, c’est le général Khalifa Haftar, qui a engagé en mai 2014, une vaste offensive contre les islamistes pour reprendre notamment des villes clés telles Benghazi.
A l’ouest du pays, est installé l’autre gouvernement. Le gouvernement, qui est en place dans la capitale Tripoli, a été imposé par les armes par FARJ Libya, une coalition de milices notamment les milices originaires de Misrata. Non seulement, ces milices dirigent le gouvernement mais aussi et surtout, elles ont remis en place l’ancien parlement contrôlé par les islamistes. A côté des principaux protagonistes de la crise libyenne, il y a lieu de citer d’autres forces qui manœuvrent pour la déliquescence du pays parmi lesquelles figure la branche locale du groupe Etat islamique. Cette branche s’est payé le luxe de planter son drapeau, dans la localité de Derna, entre les locaux du gouvernement et le siège du parlement. Toujours est-il que l’annonce des cessez-le-feu par les principaux belligérants constitue une lueur d’espoir dans le sens d’un retour à la paix. Les gouvernements de Al –Baida et de Tripoli sont certainement différents sur de nombreux plans. Mais, ils peuvent s’entendre sur un programme de travail minimal.