Une tragédie poignante est récemment survenue dans l’arrondissement de Kumbo, département du Bui: une malade mentale a brûlé vif et enterré son petit-fils. Ce drame serait passé inaperçu si les voisins ne s’étaient pas intéressés à la destination de la grossesse de la mère de l’enfant et surtout si la brigade locale de gendarmerie n’avait pas ouvert une enquête sur cette affaire.
A coup sûr, personne n’aurait souhaité que la vie du nouveau-né s’achève dans des conditions aussi troublantes. Malheureusement, le drame de Kumbo a pu se produire parce qu’il y a eu des négligences au niveau de l’encadrement du nouveau-né et surtout de la malade mentale. Il n’est certainement pas facile de les gérer, mais les malades mentaux font partie de notre environnement. La loi N° 83 /13 du 21 juillet 1983 relative à la protection et la promotion de la personne handicapée définit celle-ci comme « toute personne qui, frappée d’une déficience physique ou mentale, congénitale ou accidentelle éprouve des difficultés à s’acquitter des fonctions normales à toute personne valide. » Selon les résultats du troisième recensement général de la population et de l’habitat, les malades mentaux représentent un pourcentage de l’ordre de 6,3 % sur une population d’environ 20 millions d’habitants. D’importants efforts sont certainement déployés pour encadrer ces personnes. On peut, par exemple, relever que dans certaines formations hospitalières, il existe des structures de suivi de ces malades. De même que le ministère des Affaires sociales leur accorde une attention particulière au même titre que les autres personnes handicapées.
Cependant loin de relever de la seule compétence de l’Etat, le renforcement de l’encadrement des personnes handicapées et donc des malades mentaux constitue bel et bien une affaire collective. L’Etat s’octroie des devoirs en signant notamment la convention des Nations unies relative au droit des personnes handicapées (CDPH) et la loi N° 2010/002 du 13 avril 2010 qui comporte des dispositions en faveur de la scolarité gratuite pour les enfants handicapés. Qui plus est, estimant qu’il ne pouvait encadrer tout seul les malades mentaux, l’Etat, à travers le décret N°77/405 du 7 décembre 1977 fixant les conditions de création et de fonctionnement des œuvres sociales privées, a permis aux personnes et aux institutions privées de créer des œuvres sociales précises pouvant s’occuper de cette branche du service public humanitaire .
Il apparaît souvent que quelques malades mentaux, préférant vadrouiller le long des rues, sont réfractaires au suivi de proximité qui leur est accordé. Comme s’ils n’avaient aucun lien. Il y a certainement lieu de vaincre ce genre de résistance pour la protection des malades mentaux car on ne peut pas affirmer que ceux qui élisent domicile dans les rues le font en connaissance de cause à partir du moment où ils sont frappés d’une déficience. La reprise en main des malades mentaux est donc une nécessité. Elle est destinée à leur apporter davantage de moyens matériels et moraux pour promouvoir leur épanouissement.