Bannière

Newsletter


Publicité

Bannière
PUBLICITE

Dossier de la Rédaction

PUBLICITE
Bannière

Nouvelles bases agricoles

Bien longtemps, l’on a cru, à tort, à un manichéisme entre agriculture vivrière et exploitation de rente. La première étant vouée à l’autoconsommation, au marché interne. La seconde, étant, quant à elle, destinée à l’exportation. Comme source de devises. Cette vision est aujourd’hui, heureusement, dépassée. Comme le prouve du reste, le lancement, avant-hier à Yaoundé, d’un projet agricole d’envergure pour produire, à grande échelle, tant pour l’industrie que pour la consommation des ménages, du manioc, du maïs et du sorgho.

Ainsi sorti des fonts baptismaux, le Projet d’investissement et de développement des marchés agricoles (Pidma) est le fruit d’une coopération entre le Cameroun et la Banque mondiale. Objectif : aider notre pays à transformer son secteur agricole et soutenir les petits producteurs de ces denrées en « leur donnant accès à des marchés agricoles et alimentaires plus lucratifs ». Montant de l’enveloppe mise à disposition par l’institution de Bretton Woods : 50 milliards de Fcfa. Le Pidma devrait intéresser « 300 coopératives éligibles, représentant 30 000 ménages, soit 120 000 bénéficiaires directs dont 50% de femmes », selon la coordination du projet.

En regardant les choses à la loupe, on se rend compte qu’on se situe de plain-pied dans l’agriculture de deuxième génération lancée par le président Paul Biya, en 2011, lors du comice agropastoral d’Ebolowa. Celle qui va bien au-delà d’une activité de subsistance des ménages, pour œuvrer à la consolidation de la sécurité alimentaire, fournir du grain à moudre à l’industrie et des marchandises à l’exportation. Le choix du manioc, du maïs et du sorgho pour ce projet, ne relève pas du hasard. Il s’agit en effet de trois denrées constituant la base de l’alimentation des populations, où que l’on trouve au Cameroun : dans la forêt, la savane, la steppe, le littoral ou les hautes terres.

Le développement de ces cultures devrait permettre de corriger un vieux paradoxe grippant notre agriculture et gangrénant nos habitudes alimentaires : nous mangeons ce que nous ne produisons pas et produisons ce que nous ne mangeons pas. Il en est ainsi, d’une part, des céréales (blé et riz), du poisson qui viennent d’ailleurs, et d’autre part, du cacao, du café ou de la banane voués à l’exportation. Résultat : une grande évasion de notre masse monétaire dans un pays dont l’agriculture occupe la plus grande partie de la main-d’œuvre. En tout cas, notre pays demeurera vulnérable à la vie chère et sujet à la précarité tant que durera cette propension de sa population à se nourrir de ce qui vient de l’étranger. Passe encore que l’élite ait du faible pour le champagne et des vins de grand cru, qu’elle se gave à Noël de dinde, de caviar ou de fromages acquis à prix d’or. On comprend moins que le riz, venu de lointain sud-est asiatique, inonde jusqu’à nos campagnes.

Il apparaît impératif de sortir de ce piège de la dépendance alimentaire. C’est en cela que les attentes vis-à-vis du Pidma sont très grandes. Car, si le projet arrive aux résultats escomptés, nous aurons posé les bases d’une reconversion des habitudes alimentaires, d’une autosuffisance durable, bref, d’une révolution agricole.

 

Commentaires (0)
Seul les utilisateurs enregistrés peuvent écrire un commentaire!

!joomlacomment 4.0 Copyright (C) 2009 Compojoom.com . All rights reserved."



haut de page  
PUBLICITE
Bannière