Le report de l’élection présidentielle et des parlementaires au 28 mars prochain n’est véritablement pas surprenant. La multiplication des attaques du groupe terroriste Boko Haram, en pleine campagne électorale, malgré la traque menée contre ses éléments, a rendu la décision de la commission électorale nigériane inéluctable. L’une de ces attaques a été perpétrée à Maïduguri par deux kamikazes, quelques minutes après le meeting du président-candidat Goodluck Jonathan dans cette ville. Certes, les autorités nigérianes savaient que la secte tenterait de perturber le processus électoral, mais elles ne savaient certainement pas jusqu’où pouvaient aller les terroristes dans leur volonté de nuire. Entre le 1er et le 5 février derniers, les affrontements opposant les forces coalisées aux membres du groupe terroriste ont fait 1593 morts dans les deux camps.
Le pays a déjà connu plusieurs groupes irrédentistes parmi lesquels le Mouvement pour la survie du peuple Ogoni(MOSOP) et le Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (MEND). Mais jamais auparavant, aucun groupe ne s’est manifesté avec autant de cruauté. Depuis sa création en 2002 par Mohamed Yusuf à ce jour, les assauts de Boko Haram ont fait des milliers de victimes et des dégâts matériels innombrables. Ces assauts ont notamment été enregistrés aux marchés, dans les établissements scolaires et dans les lieux de culte. Le 14 avril 2014, Boko Haram s’est même payé le luxe de Kidnapper 200 filles dans la localité de Chibok. Loin de refroidir les ardeurs des membres du groupe terroriste, l’exécution du fondateur de cette secte Mohamed Yusuf en 2009 a plutôt radicalisé Boko Haram. Ses successeurs tiennent à mettre en œuvre le plan diabolique de cette secte qui souhaite créer un califat dans une partie du Nigeria à défaut de soumettre tout le pays à la charia, la loi islamique. L’instauration de l’état d’urgence dans les Etats particulièrement affectés par les activités du groupe terroriste n’a pas, non plus, entamé la détermination de ses membres. Ni le renfort des troupes tchadiennes. Toujours est-il que les insurgés enregistrent désormais de lourdes pertes humaines et matérielles. Il est certainement question de persévérer dans ce sens pour resserrer l’étau autour de Boko Haram et le conduire à douter de ses capacités de nuisance. La décision de reporter les élections au 28 mars apparaît alors opportune. Elle permet à la commission électorale de parachever les préparatifs du double scrutin pendant que les forces coalisées intensifient la traque contre les membres du groupe terroriste.