La situation actuelle à la Fécafoot trouve ses origines en 2013.
C’est l’histoire d’une fédération qui attise de nombreuses passions et convoitises. Si pour certains, les entrées financières sont au centre des batailles, d’autres y voient une guerre de tranchées de certaines personnes tapies dans l’ombre.
Ce n’est donc pas un hasard si chaque élection du président de la Fécafoot est l’occasion de batailles féroces. Celle de 2013 a été si sanglante que l’instance suprême, la Fédération internationale de football association, est intervenue en juillet 2013 en mettant en place un Comité de normalisation pour ramener de l’ordre. Entre autres missions durant les huit mois de mandat, il y a la relecture des textes et statuts de la fédération. Car, le peuple dénonce des textes ambigus, faits sur mesure pour permettre au roi en place de continuer de régner ad vitam æternam. En cause, l’article 4 du statut spécial des ligues décentralisées permettant aux membres de l’exécutif régional sortant d’être à la fois éligibles et électeurs, et bien d’autres articles dont l’interprétation pouvait prêter à équivoque.
Le Comité, fort de plusieurs éminences grises, se met donc au travail. Mais n’est pas prêt à temps car finalement, selon ses membres, la tâche était bien plus ardue que prévu. « Nous avons reçu à la Fécafoot au moins 300 personnes. Ça nous a permis de faire un bon diagnostic des dysfonctionnements. Et c’est après cela qu’on a commencé à travailler. Aujourd’hui, j’entends des gens dire, c’était trop facile. Révisez l’article 4 et tout est joué. Vous pouvez vous imaginer combien de textes il faut changer à la Fécafoot ? », demandait alors le Pr. Joseph Owona, le président du Comité. Conséquence, huit mois supplémentaires sont accordés à l’équipe. Et à mi-parcours, de nouveaux textes et statuts sont proposés et doivent être adoptés pour conduire à une élection le 29 novembre 2014.
Qui va adouber ces textes ?, s’interroge le peuple. L’assemblée de 2013, répond la Fécafoot, après consultation de la Fifa bien sûr. Problème, cette assemblée avait été déclarée illégitime par la Chambre de conciliation et d’arbitrage du Comité national olympique et sportif du Cameroun (CCA-CNOSC). Celle-ci, protagoniste important de l’histoire, avait, en effet, annulé les élections dans neuf des dix ligues régionales. Qu’importe ! La Fifa ne reconnaît pas cette instance qui n’a pas à intervenir dans le processus électoral de la Fécafoot, selon elle. Soit. Les fameux textes sont adoptés et la machine lancée. A nouveau saisie, la CCA-CNOSC va annuler l’assemblée générale d’adoption des textes d’août 2014, vu que ceux qui la constituent ne sont pas légitimes, dans la logique de sa première décision. Elle estime également que l’article 78 alinéa 2 et 3 de nouveaux statuts de la Fécafoot « dénature et viole les dispositions de l’article 44 de la loi n°2011/018 du 15 juillet 2011 relative à l’organisation et à la promotion des activités physiques et sportives au Cameroun et la Charte olympique ». En gros, la Fécafoot qui institue désormais un tribunal arbitral de football en son sein, ne peut aller à la CCA-CNOSC que si elle est d’accord. Et les décisions du TAF et de la CCA-CNOSC ne peuvent faire l’objet de recours que devant le Tribunal arbitral du sport.
La Fécafoot, qui, entre-temps, interjette appel de cette décision auprès du TAS, poursuit un processus qui aboutit à la validation de la candidature de Tombi à Roko, Sg de la fédération. Alors qu’on s’achemine vers le dénouement, la Fifa est saisie par certaines autorités nationales qui affirment que toutes les conditions ne sont pas propices à une élection. Elle renvoie le processus final au plus tard au 28 février, prorogeant le mandat de la normalisation.
Le nouveau rendez-vous pour élire, enfin, le président de la Fécafoot est pris pour le 25 février. Robert Atah a réussi à compléter son dossier et le duel est annoncé. On s’achemine visiblement vers la fin, si ce n’est de l’histoire, du chapitre tout au moins. Avant ce nouveau coup de théâtre qui laisse le conte en suspens. A suivre donc.
