Des projections gratuites sont organisées chaque soir par cette association pour attirer les populations au 7e art.
Pas de dunes à escalader. Pas de forêt à percer. Pas de quartiers retirés à sillonner. Le quatre-quatre du Cinéma numérique ambulant (CNA) est en vacances.
Il est garé là tout près des installations dans ce maquis de la Cité An III à Ouagadougou, où cette association de promotion du cinéma africain a pris ses quartiers pour le Fespaco. Vers 19h, une ronde se forme devant l’écran géant, en plein air. Les spectateurs présents viennent des quartiers environnants. Aïcha, son bébé ceint au ventre avec un pagne, est concentrée. « Je vends des oranges pour vivre. Je n’ai donc pas beaucoup d’argent pour aller souvent au cinéma. J’ai entendu que c’est gratuit ici, je suis venue », confie-t-elle.
A cette soirée de mardi animée par Stéphanie Dongmo, présidente du CNA Cameroun, le public a droit à « Tilaï », le film de la star nationale Idrissa Ouedraogo sorti en 1990, Etalon d’or de Yennenga en 1991. D’ailleurs le réalisateur célèbre est présent, pour des échanges avec les fans au terme de la projection sur les coulisses du tournage. Tourné en Moré, un des patois locaux, le film est sous-titré en français. Cette proximité tissée par la langue captive encore plus.
Le générique de fin est lancé. Tandis que les noms défilent, quatre jeunes filles se hâtent vers la star du soir. « Vous nous prenez en photo avec M. Ouedraogo ? », demande l’une d’elles. Et dire qu’elles passaient par hasard. « On allait au Ciné Neerwaya, mais le film qu’on voulait regarder avait commencé. Ensuite on se retrouve ici, mais c’est très bien aussi », admettent-elles. C’est toute la magie de cette activité baptisée « Fespaco classique » : rapprocher cinéphiles et 7e art. C’est la sixième fois que le CNA est du festival et c’est la deuxième édition dudit projet. Pour Wend-Lassida Ouedraogo, coordonnateur du CNA Afrique, cette année encore c’est une réussite.
