Le Kenya est monté en puissance dans la lutte contre le braconnage en faisant incinérer, mardi dernier, 15 tonnes d’ivoire. Ce n’est certainement pas la première fois qu’un président Kenyan réagit d’une manière aussi énergique. Le prédécesseur de Uhuru Kenyatta, Mwaï Kibaki, avait fait brûler , en 1989 , 5 tonnes de défenses d’éléphants qui correspondaient alors à l’ensemble du stock national d’ivoire .
Non seulement, Uhuru Kenyatta a multiplié le stock brûlé, il y a six ans, par trois à l’occasion de la journée mondiale de la vie sauvage, mais aussi et surtout, il a promis de détruire d’ici à la fin de l’année l’ensemble du stock d’ivoire estimé à 100 tonnes. Toujours est-il que le Kenya demeure un haut lieu de braconnage de l’éléphant d’Afrique mais également un important point de passage du trafic de l’ivoire. Le braconnage des pachydermes (éléphants et rhinocéros) a explosé au Kenya, comme dans le reste de l’Afrique depuis les années 2000. Certains observateurs relèvent que la traque des pachydermes est dopée par la demande asiatique en cornes de rhinocéros auxquelles sont prêtées des vertus médicinales et la quête de l’ivoire recherché pour la fabrication d’objets décoratifs. Les statistiques officielles font état de 300 éléphants et 59 rhinocéros tués en 2013, tandis que les experts estiment que le carnage est largement sous-estimé. En Afrique centrale, 300 dépouilles d’éléphants ont été trouvées dépourvues de leurs défenses dans le parc national de Bouba N’ Djida en 2012. Dans la nuit du 14 au 15 mars 2013, 119 éléphants ont été exterminés au Tchad et en République centrafricaine. La menace contre les pachydermes s’est signalée, dans cette sous-région, avec une gravité telle que pour y faire face, le Plan d’extrême urgence de lutte anti-braconnage(PEXULAB) a été adopté.
Au-delà de la valeur des 15 tonnes d’ivoire, à savoir 30 millions de dollars (environ 15 milliards de francs) , le Kenya réaffirme sa foi en la protection de la biodiversité et intensifie le combat contre les crimes visant la nature . Ce pays souhaite que les prochaines générations d’Africains et du monde entier puissent jouir de la beauté et de la majesté des pachydermes. Le défi de protéger ces animaux magnifiques, au Kenya, est d’autant plus exaltant qu’il ne reste plus que 38000 éléphants et un millier de rhinocéros sur l’ensemble du territoire national, selon l’Agence de protection de la faune .