Malgré les efforts déployés par les médiateurs pour les ramener à de meilleurs sentiments, les belligérants sud-soudanais n’ont pas encore enterré la hache de guerre. De la même manière qu’ils n’ont pas voulu tirer profit des occasions qui leur ont été récemment offertes pour fumer le calumet de la paix, le président de la République du Soudan du sud, Salva Kiir, et le chef rebelle, Riek Machar, ont ignoré la nouvelle date-butoir du 5 mars 2015 qui leur avait été fixée, pour parvenir à un accord, par l’IGAD ( l’ Autorité intergouvernementale pour le développement en Afrique de l’Est), médiatrice dans la crise qui déchire le jeune Etat depuis le 15 décembre 2013.
Sept accords ont été signés par les belligérants en un an, sous la médiation de l’IGAD. Tous ces accords ont été violés par les principaux protagonistes. Plus grave, les combats qui opposent depuis lors, les partisans de Salva Kiir, à ceux de son ancien vice-président, Riek Machar, à la suite d’une tentative de coup d’Etat, ont dégénéré en affrontements interethniques entre les Dinka, la tribu du chef de l’Etat et les Nuer, la tribu de son rival . Ces affrontements sont d’une violence telle qu’ils se sont déjà soldés par des dizaines de milliers de morts et presqu’autant de déplacés. Ni les sanctions ciblées de l’Organisation des Nations unies (ONU), ni l’amnistie accordée aux rebelles, ni l’annonce de l’élection présidentielle et des législatives, entre le 1er mai et le mois de juillet prochain, n’ont pu faire taire les armes. Encore faut-il souligner que les belligérants avaient convenu de mettre sur pied un gouvernement d’union nationale qui n’a jamais vu le jour.
Tant que des Soudanais du sud continueront de tomber sous des balles, les seigneurs de la guerre ne connaîtront pas non plus de répit. D’où l’urgence d’un sursaut patriotique et d’un surcroît de responsabilité qui poussent les principaux protagonistes du conflit à s’engager fermement sur la voie de la paix. De nombreuses raisons militent en faveur d’une sortie de l’impasse. A savoir la situation économique catastrophique du pays qui n’a véritablement fonctionné que pendant quelques mois, du 9 juillet 2011, date de la proclamation de l’indépendance du Soudan du sud jusqu’ au 15 décembre 2013, date du déclenchement du conflit. Mais aussi les nombreux morts régulièrement inventoriés et la situation humanitaire lamentable de nombreuses localités du pays. Qui plus est, la production pétrolière, la principale mamelle nourricière de l’Etat, a drastiquement chuté.
