La rencontre entre le président de la République, Alpha Condé, et le chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo n’était pas du tout acquise d’avance. Elle traduit, sans aucun doute, un signe de détente dans la vie politique guinéenne après une période particulièrement difficile.
Cette période a été marquée par des moments difficiles sous le sceau du mot d’ordre de l’opposition demandant la révision du calendrier électoral et donc l’organisation des élections locales avant la présidentielle fixée le 11 octobre prochain par la Commission électorale indépendante(CENI). L’opposition croit savoir que le contrôle des collectivités locales par des fonctionnaires fait peser des doutes sur la transparence des élections. C’est sur la base de cette revendication qu’au début du mois de mai, l’opposition était sortie dans la rue pour manifester à travers le pays. A Koloma, des manifestants avaient brûlé des pneus et jeté des pierres sur des éléments des forces de l’ordre. Ceux-ci avaient fait usage des gaz lacrymogènes pour éloigner les contestataires. A Kaloum, des femmes avaient initié une marche été dispersée par la police et une dizaine d’entre elles avait été interpellée. La tension était demeurée très vive dans la capitale, Conakry puisque les opposants se montraient déterminés à organiser de nouvelles manifestations pour exprimer leur désaccord par rapport au calendrier électoral élaboré par la CENI.
Le but de la rencontre Alpha Condé-Celou Dalein Diallo était certainement de mettre un terme à la crise politique qui secoue le pays. Même si l’opposition n’est pas particulièrement satisfaite par cet échange, le chef de l’Etat ayant enregistré les revendications du chef de file de l’opposition tout en lui promettant de prendre des décisions après avoir consulté son camp, on peut constater que le camp adverse a décidé d’attendre la décision du président de la République avant de décider de reprendre le mouvement de protestation. Toujours est-il que nul n’est dupe. Dans cet échange entre pouvoir et opposition, chaque camp cherche, en réalité, à tirer la couverture de son côté. Il est difficile d’anticiper sur la décision du chef de l’Etat guinéen, mais on peut utilement relever que dans un passé récent, Alpha Condé avait affirmé qu’il était impossible d’organiser les élections locales avant 2016, en tout cas avant la présidentielle dont la date impérative est fixée par la constitution. Alors que l’opposition estime que faute d’un scrutin local depuis 2005, certaines mairies ont été remplacées par des délégations spéciales non élues, mais plutôt désignées par le gouvernement.