Le président de la République a réaffirmé qu’il restait en fonction et remis en cause la régularité du vote de sa déchéance par les députés.
Au lendemain du vote de sa destitution au poste de président de la République de Madagascar par l’Assemblée nationale, Hery Rajaonarimampianina a fait une sortie en direct à la télévision nationale, pour rejeter l’acte des députés. Dans son allocution, le président malgache a fait savoir qu’il était «toujours là» à son poste. «Beaucoup d’entre nous se posent des questions sur ce qui s’est passé à l’Assemblée nationale, pour la mise en accusation du président. Il y a eu beaucoup de choses qui se sont passées, qui ne semblent pas respecter la régularité et la légalité», a-t-il déclaré dans son message. A l’occasion, l’orateur a également «évoqué des suspicions de corruption». Mardi soir, l’Assemblée nationale réunie en plénière, a voté 121 voix contre 4, sur les 125 votants, la destitution de Hery Rajaonarimampianina. La majorité des deux tiers requise pour destituer le président étant de 101 voix, dans un parlement totalisant 151 députés.
Il lui est reproché entre autres griefs, son inertie, ses tâtonnements et son inefficacité. Ses détracteurs lui reprochent également le fait d’avoir mis deux mois et demi pour trouver un Premier ministre, limogé ensuite au bout de huit mois, le non-respect de la séparation du pouvoir entre exécutif et législatif, du délai de promulgation des lois, le retard dans l'installation de la Haute Cour de justice, son ingérence dans les affaires du parlement et des menaces de dissolution récurrentes de cette institution. «Je suis désolé mais rien ne marche actuellement au pays. Il n'est entouré que par des amateurs. Et ces amateurs l'empêchent de se tourner vers sa famille politique. Pour moi, s'il est incompétent, il vaut mieux qu'il quitte le pouvoir», a tonné le député Tinoka Roberto.
Une démarche qui fait des vagues au sein du Parlement malgache. Certains députés dénoncent des fraudes survenues au cours du vote de destitution. «Ce n'est pas normal, il y a eu de la triche», a déclaré la députée Lydia Raharimalala. En plus de refuser de prendre part au vote, cette dernière estime qu'il n'y a pas eu plus de 70 votants. «On va dénoncer tout ça. On va saisir la Haute Cour constitutionnelle.» Mais, les carottes ne sont pas encore définitivement cuites pour Hery Rajaonarimampianina. Car, la Haute Cour constitutionnelle (HCC) dans laquelle M. Rajaonarimampianina a des soutiens parmi les neuf juges, devra valider ou non sa destitution.
