Paiements de factures, de frais d’écolage, réservations, se font plus aisément grâce à la mutualisation et à la dématérialisation.
Justin Noumtchueng s’en souvient comme si c’était hier. Il y a huit ans, alors qu’il se rendait quelque part à l’Ouest pour les funérailles de quelques connaissances, il a tout perdu au cours d’un braquage survenu entre Bafang et Bangangté. « Je voyageais toujours avec de l’argent sur moi. Aussi bien pour ce qui est prévu, comme les imprévus. Jusqu’à ce jour fatidique où des bandits m’ont tout pris y compris les liqueurs et mon costume rangés derrière la voiture », confesse-t-il. L’argent perdu, combien était-ce donc ? Pas assez pour le convaincre de ne plus « jamais s’aventurer » à partir en voyage avec la bourse pleine. En revanche, la peur d’une agression, se déplacer sans avoir l’estomac noué, « est la meilleure motivation ». Ainsi a-t-il commencé par faire des transferts à lui-même, avant d’être totalement libéré par le paiement à distance.
Pour lui et tant d’autres utilisateurs de services, les solutions qu’offrent les entreprises dans divers domaines en vue de payer ont changé la vie. Qu’il s’agisse des factures d’électricité, de téléphone mobile, de droits universitaires, en passant par le billet d’un voyage en train ou en bus, etc. Melaine P., cadre et mère d’une nombreuse famille à Douala, y trouve une grande satisfaction dès lors que « même les commissionnaires qui servent pour les factures d’électricité n’assumaient plus de manière satisfaisante leurs missions ». Elle n’attend donc plus que la version « eau » pour oublier totalement l’époque des files d’attente devant les guichets. « Les enfants, chargés de ce travail, eux-mêmes se fatiguaient de jongler pour savoir quand est-ce que la file serait courte. Cela décourageait tout le monde et perdait du temps », se satisfait-elle.
A la différence de milliers d’autres usagers qui naviguent encore entre paiements directs et services à distance, M. Noumtchueng ne paie directement que quand il est obligé. Boris Ebah, un de ses partenaires d’affaires, choisit les services au cas par cas. Telle la collaboration entre des universités et une société de transfert de fonds de la place. Parrain de plusieurs étudiants membres de sa famille, il s’acquitte de leurs frais académiques sans avoir jamais mis les pieds à l’université. « Hormis ce cas-là, ou alors une réservation pour un voyage, il m’est difficile de payer à distance parce qu’on ne sait jamais. Avec l’informatique… », s’inquiète-t-il.
La confiance reste donc l’un des handicaps de la simplification des paiements de divers services. Même si l’entreprise Eneo ambitionne de faire grimper, en 2015, de 10 à 20% les paiements en dehors des guichets de ses agences.
