Alors que la quête de la paix demeure infructueuse, le Soudan du sud affronte une grave catastrophe humanitaire. Un enfant sur trois est sous alimenté dans ce pays, de même que 250.000 parmi eux risquent de mourir de faim selon un rapport du coordonnateur humanitaire de l’Organisation des Nations unies(ONU), Tobi Lanzer , qui a été expulsé de ce territoire au début du mois de juin. Les enfants ne sont pas les seuls à affronter la famine. Les deux tiers des 12 millions d’habitants de cet Etat ont également besoin d’aide et 4,6 millions d’entre eux risquent de manquer de nourriture.
Ni le président de la République, Salva Kiir, ni le chef rebelle, Riek Machar, ne peuvent être directement accusés d’avoir suscité cette catastrophe. Cependant, la guerre que les deux camps se livrent depuis le 15 décembre 2013, à la suite d’une tentative de coup d’Etat attribuée à l’ancien vice-président de la République, est liée à cette dégradation humanitaire. Au point où le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU lance un appel aux dons pour disposer de 1,63 milliards de dollars afin d’achever l’année. Encore faut-il ajouter que la catastrophe humanitaire s’aggrave après que le phénomène des enfants-soldats a été décrié. 89 adolescents âgés de 13 à 18 ans ont été enlevés en février dernier par un groupe armé non identifié. L’enlèvement a eu lieu à Wau Shilluk au nord du pays, une ville où 100.000 déplacés ont trouvé refuge ces derniers mois. Les 89 kidnappés révisaient leurs leçons en compagnie de leurs enseignants lorsque des assaillants ont fait irruption. Ceux-ci ont ensuite traversé la ville avec leurs otages et ont continué à faire du porte-à- porte confirmant ainsi les allégations d’un rapport de l’organisation Human Rights Watch paru un mois plutôt selon lesquelles les troupes gouvernementales et les rebelles recrutent activement des enfants-soldats malgré les lois interdisant cette pratique et les promesses des deux parties d’y mettre fin.
La fastidieuse guerre du Soudan du sud est d’autant plus condamnable qu’elle livre les enfants en pâture aux ennemis et à la famine. Au gouvernement comme au sein de la rébellion, on sait pourtant que cette perspective est à la fois dangereuse pour ces enfants, qui représentent l’avenir de la nation, et pour le pays tout entier. D’où la nécessité de relancer le dialogue inter-soudanais sous l’égide de l’Autorité intergouvernementale pour le développement en Afrique de l’Est(IGAD), médiatrice dans cette crise, et l’urgence de conclure un accord de paix complet.