Alors que la crise s’enlise depuis de nombreux mois, l’Organisation des Nations unies (ONU) tente, de nouveau, de sortir la Libye du bourbier. Les négociations qui se déroulent, pour la quatrième fois dans la ville marocaine de Skhirat, sont censées sceller un accord pour la formation d’un gouvernement d’union nationale et mettre fin à la guerre civile qui paralyse le pays depuis la chute de Mouammar Kadhafi en octobre 2011, sans pour autant que les principaux protagonistes en soient fermement convaincus.
Le premier camp de ces protagonistes est constitué par le parlement de Tobrouk issu des élections législatives de juin 2014. Il s’est exilé à l’est du pays pour des raisons de sécurité. Formé par une coalition de libéraux anti-islamistes et d’anciens membres du régime de Kadhafi, ce parlement a nommé un gouvernement siégeant à Baïda qui est reconnu par la communauté internationale. Le fer de lance du camp légitime est le général Haftar . Avec le soutien des anciens éléments de l’armée libyenne et des brigades rebelles de Zintan, ce haut gradé de 71 ans a lancé, depuis un an, l’opération « Dignité » pour reconquérir l’est du pays aux mains des islamistes. Le second camp est celui de l’ancien parlement au sein duquel les islamistes radicaux demeurent majoritaires. Ce camp dispose d’une force armée sous la forme d’une coalition de milices islamistes appelée FAJR Libya, aube de la Libye. Cette coalition de milices a conquis la capitale Tripoli et y a installé son gouvernement qui contrôle également Benghazi et Misrata .
Quand bien même ces deux camps auraient pu continuer à s’ignorer compte tenu de leur opposition doctrinale, l’émergence du groupe terroriste Etat islamique(EI) sur la scène libyenne, depuis le 31 octobre 2014, les pousse à se rapprocher pour combattre l’ennemi commun. L’EI ne cesse de gagner du terrain. Il a assiégé la localité de Derna à l’est du pays et s’est répandu à l’ouest et au Littoral où il détient un terrain de 200 kilomètres autour de Syrte. De ce point de vue, la relance des pourparlers inter-libyens, le 8 juin dernier, a beau être indispensable pour contrecarrer l’EI et sortir le pays de l’impasse qui perdure, l’issue de ces négociations demeure cependant incertaine parce qu’elles ont déjà connu plusieurs échecs résultant notamment de l’intransigeance des deux camps rivaux. Le difficile consensus mérite, toutefois, d’être recherché, le 17 juin prochain, au plus tard, date limite fixée par l’ONU pour conclure un accord de gouvernement d’union et éviter la faillite du pays.