Malgré la mobilisation de la communauté internationale pour éloigner le spectre de la guerre au sein du plus jeune Etat du monde, les principaux acteurs de la guerre civile qui détruit le pays peinent toujours à fumer le calumet de la paix. Pour autant, le Soudan du sud n’est pas abandonné à lui-même.
Loin d’avoir renoncé à susciter la normalisation du pays, les artisans de la paix multiplient des initiatives visant à décourager l’intensification du conflit opposant le président de la République , Salva Kiir, à son ancien vice-président et chef rebelle , Riek Machar .Il en est ainsi de l’initiative dénommée « la sentinelle » . Mise au point par l’acteur américain George Clooney et le groupe de défense des droits de l’homme désigné Enough project , l’initiative qui constitue une alternative aux outils traditionnels de la diplomatie, vise à mettre fin à ce conflit dévastateur , notamment à travers une enquête sur les fonds qui alimentent la guerre civile dans le pays.
Après avoir lancé un système de surveillance et de cartographie des zones de conflit, les initiateurs de la sentinelle estiment qu’il faut désormais s’attaquer aux portefeuilles des belligérants en orientant leurs nouveaux efforts pour que ceux-ci se rendent compte que la guerre est plus coûteuse que la paix et en faisant pression sur les banques et les hommes d’affaires impliqués dans les opérations de financement de la guerre qui perdure . Cette initiative est assurément courageuse. Elle traduit la parfaite connaissance des contours du conflit par les concepteurs de la sentinelle. La connaissance des contours du conflit et la pertinence de l’initiative ne garantissent cependant pas le succès de cette nouvelle démarche destinée à dénouer cette crise. Quand bien même les initiateurs de la sentinelle auraient indirectement convaincu les belligérants de mettre fin aux combats, il faudrait encore qu’ils acceptent de s’asseoir autour d’une table de négociations pour finaliser l’accord de cessation des hostilités. Ce qui est loin d’être acquis. Car depuis le déclenchement du conflit, sept accords ont été signés par les principaux protagonistes sous l’égide de l’Autorité intergouvernementale pour le développement en Afrique de l’Est (IGAD), médiatrice dans cette crise. Tous ces accords ont été violés par les belligérants .Y compris l’accord lié à un gouvernement d’union nationale.
Quelle que soit la pertinence d’une initiative visant à ramener la paix au Soudan du sud, celle-ci ne peut pas prospérer sans la ferme volonté des principaux acteurs de sortir de l’impasse.