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Dossier de la Rédaction

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«La sensibilisation doit être de proximité»

Essengue Astarie, technicienne médico-sanitaire, responsable de la banque de sang à l’Hôpital Gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yaoundé (Hgopy).

Comment expliquez-vous le fait que de nombreux Camerounais soient réticents au don de sang, ceci malgré la sensibilisation ?

Je pense que les gens ne veulent pas donner de leur sang malgré toute la sensibilisation qui est faite par le ministère de la Santé publique à travers le Programme national de transfusion sanguine tout simplement  parce qu’ils craignent que nous découvrons des marqueurs que dans leur sang. A savoir, l’Hépatite virale B, l’Hépatite virale C, le VIH/sida et la syphilis. Les gens ne veulent pas être responsables de leurs actes.

Quelqu’un préfère ne pas être conscient qu’il est malade, qu’on lui dévoile après collecte que son sang ne peut pas être utilisé parce qu’il est positif à tel ou tel marqueur. Même quand nous allons en campagne mobile nous ne trouvons pas beaucoup de gens prêts. Ils n’ont pas envie qu’on leur dise qu’ils sont malades. C’est automatique. Quand vous venez pour donner de votre sang, automatiquement, on va faire tous ces check-up pour les maladies liées aux transfusions sanguines. Il y a quand même également un problème de rites et de coutumes.

Ici en Afrique, le sang c’est quelque chose de précieux, et les gens se disent qu’ils ne peuvent pas le donner comme ça, sans savoir où il ira. En tant qu’auxiliaire du gouvernement, je peux affirmer et témoigner que le sang n’est utilisé qu’à des fins médicales. Ce qui est évident, c’est que les besoins sont énormes en produits sanguins et nous avons de moins en moins de volontaires pour donner de leur sang.

Quelle catégorie de personnes est avérée comme donneur potentiel ?

Nous avons notre cible, en milieu jeunes, parce que ce sont des gens qui ne sont pas encore engagés dans plusieurs fronts à la fois. Nous avons de bons donneurs, dans le milieu estudiantin par exemple. Quand nous prenons de l’âge, nous faisons face à des critères d’élimination comme l’hypertension artérielle, le diabète, les maladies chroniques. En plus, chez les jeunes, on commence déjà à introduire des manuels scolaires concernant la transfusion sanguine.

Donc un élève à partir de la classe de 4e sait déjà ce que c’est que le don de sang. Et à 17 ans, il donne de son sang parce qu’il sait que c’est utile, c’est une urgence vitale, il n’y a pas de tabou. Normalement, la tranche d’âge préférentielle des donneurs de sang, selon les normes internationales va de 18 à 65 ans. Quand nous avons déjà 40 ans, il y a des critères d’élimination physiques (diabète, hypertension…) qui nous mettent de côté. Ce qui fait que malgré votre volonté de donner, vous ne pouvez plus.

La femme aussi a des critères d’élimination : il ne faut pas être en période de menstruation, être en train d’allaiter un bébé, être enceinte. Pour moi, quelqu’un avec des tatouages peut être un toxicomane, donc un sujet à risque. C’est au technicien de juger le potentiel donneur qui est en face de lui. Il y a donc cet examen physique et clinique que nous faisons d’abord et puis nous passons à la présélection sérologique des marqueurs que je vous ai cités.

Quelles sont les difficultés auxquelles vous faites face au moment de la collecte ?

Nous voulons atteindre le risque zéro. Cela veut dire que quand nous collectons les poches de sang, nous devons avoir des tests de pointe afin d’être sûr que le sang que nous allons transfuser à un patient soit exempt de toutes les maladies liées à la transfusion. C’est vraiment un défi et nous avons besoin d’un équipement de pointe.

Dans notre grande salle, nous avons déjà une « Chaine Elisa », un appareil qui permet de manipuler le VIH jusqu’à la dernière trempe pour s’assurer que la poche de sang collecté est vraiment exempte du VIH, de l’hépatite ou de la Syphilis. Nous avons des réfrigérateurs où chaque poche de sang collecté et éliminé pour un marqueur ou pour un autre est conservée dans un endroit sécurisé et qui obéit aux normes internationales d’élimination, c’est-à-dire les normes de biosécurité.

Que faire pour augmenter l’affluence des donneurs de sang ?

Je crois que nous avons encore du travail à faire parce qu’il y a très peu de Camerounais qui écoutent le journal. Je crois que la sensibilisation doit être celle de proximité. Nous faisons des forums, nous allons dans des milieux publics comme les marchés, les églises pour faire la sensibilisation. Il faut qu’on parle face à face et qu’on réponde aux préoccupations des donneurs.

Les gens veulent donner, mais il n’y a personne pour leur expliquer tous ces points. Quand vous donnez de votre sang, il faut deux donneurs compatibles, et après il faut donner une somme qu’on appelle un forfait de transfusion de 18 250 F. Les gens ne comprennent pas pourquoi vous avez amené des donneurs de sang et après on vous demande encore de payer. Je pense que le ministère de la Santé publique à travers le programme national de transfusion sanguine doit former de véritables équipes de sensibilisation, parce que nous avons d’énormes problèmes.

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