Le cycle de violences issues de la mobilisation de l’opposition et de la société civile contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza à la présidence de la République semble se poursuivre. L’assassinat de l’ancien chef d’état-major de l’armée burundaise, le colonel Jean Bikomagu, le 15 août dernier, à la suite de celui du général Adolphe Nshimirimana, chargé de mission auprès du président de la République, survenu le 2 août dernier l’atteste.
Toutes les tentatives d’harmoniser les positions du gouvernement et de l’opposition sur l’épineuse question du troisième mandat sont demeurées infructueuses. Pierre Nkurunziza a persisté dans l’option de la légitimité dudit mandat au point de se faire réélire président de la République. La réélection du chef de l’Etat a été précédée par la victoire de son parti aux législatives puis suivie par l’élection du leader de l’opposition, Agathon Rwasa, au poste de vice-président de l’Assemblée nationale. Le revirement d’Agathon Rwasa a radicalisé ses anciens alliés. Toute l’opposition ,qui avait boycotté le scrutin présidentiel, s’est retrouvée ,le 1er août dernier, aux côtés des anciens chefs d’Etat burundais et des principaux leaders de la société civile afin de mettre sur pied le Conseil national pour le respect de l’accord d’Arusha et la restauration de l’Etat de droit au Burundi(CNAREC) et en confier la direction à l’opposant historique, Léonard Nyangoma. Les pères-fondateurs du CNAREC lui ont assigné une mission claire et sans équivoque : « Combattre le président Pierre Nkurunziza qui a violé l’accord de paix d’Arusha et la constitution du Burundi en briguant un troisième mandat. »
L’attentat contre le général Nshimirimana est survenu le lendemain de la création du CNAREC sans pour autant qu’on puisse établir un lien direct entre la mise sur pied de cette plate-forme de l’opposition et l’assassinat du collaborateur du chef de l’Etat. Le gouvernement burundais avait fait savoir que tout sera mis en œuvre pour démanteler les commanditaires de ce meurtre. Certains ont déjà été interpellés et mis à la disposition de la justice. On ne peut pas affirmer que l’assassinat du colonel Jean Bikomagu, qui n’était plus proche de Pierre Nkurunziza. relève de la campagne visant à rattraper les meurtriers du général Adolphe Nshimirimana. Toujours est-il que le meurtre de ces hauts gradés de l’armée, qui survient après d’autres crimes, risque de plonger le Burundi dans un nouveau cycle de violences qui ne profite à personne. D’où la nécessité d’en sortir.