Emmanuel Ngnikam, coordonnateur du Programme participatif d’amélioration des bidonvilles.
Quelle est l’origine du Programme participatif d’amélioration des bidonvilles (PPAB) et depuis quand existe-t-il ?
Le programme participatif d'amélioration des bidonvilles (PPAB) a été initié par l'ONU- Habitat à la demande des États ACP (Afrique Caraïbe Pacifique). Il s'est jusque-là déroulé en trois phases : l’élaboration de profil de villes, l’identification et la planification participative dans un bidonville choisi dans l'une des villes ayant bénéficié de la phase 1, et enfin, la réalisation des actions pilotes.
Au Cameroun le PPAB a commencé en 2003 avec l'élaboration de 23 profils de villes, dont Yaoundé 6, Kribi et Bamenda, qui ont bénéficié de la phase II qui s'est déroulée pour Yaoundé entre 2010 et 2012. Dans la capitale, c'est la zone de Nkolbikok qui regroupe cinq quartiers (Melen 6, Melen 7A, Melen 7B, Melen 9 et Nkolbikok II) qui a été retenue pour bénéficier de la phase II et III du PPAB.
A Kribi c'est le quartier Afan Mabe et à Bamenda le quartier Sisia. Ce programme a été créé pour répondre aux objectifs du millénaire pour le développement. Notamment la cible 7C de l'objectif 7 "réduire de 100 millions le nombre de personnes vivant dans les bidonvilles à l'horizon 2020".
Où en est le programme dans les autres villes ?
Dans la commune de Kribi 2è le programme est implémenté dans le quartier Afan Mabe. Nous avons bouclé la phase II du programme dans ce quartier en 2014, avec l'élaboration d'un plan de restructuration du quartier et un plan d'actions pour l'amélioration du quartier chiffré à 4 milliards de F.
Il faut relever que ce quartier est bâti sur 62 ha et sa population est de 17 000 habitants. La deuxième commune ciblé c'est Bamenda III, avec le quartier Sisia qui regroupe quatre sous-quartiers (Sisia I, II, III et IV). La phase II dans ce quartier sera bouclée en septembre 2015.
Est-ce que la population adhère à ce programme ?
L'adhésion de la population est totale. Dans chaque quartier bénéficiaire du PPAB, nous mettons en place une association de résidents qui est l'instance de participation des populations dans le choix des priorités et l'accompagnement dans la réalisation des projets prioritaires identifiés. Les autres instances de participation sont les associations existantes, les chefferies traditionnelles des quartiers, etc.
Toutes ces couches sont fortement mobilisées par ERA-Cameroun qui est la partenaire d'exécution du programme dans chacune des trois communes. Dans la zone de Nkolbikok par exemple, il a été mis en place un fonds communautaire qui permet de soutenir financièrement les projets portés par ces associations. Près de 50 millions de F ont été affectés dans ce fonds et attribués à sept associations sur la base d'un appel à projets.
Quelles difficultés rencontrez-vous lors de l’exécution de votre programme ?
Les plus grosses difficultés que nous rencontrons actuellement sont les problèmes fonciers. A Nkolikok par exemple, presque toute la zone est titrée et les habitants qui y sont installés n'ont pas de possibilité de morcellement. Ceci fragilise leur occupation et ne leur donne pas la possibilité de bien s'engager dans les projets de développement de leur quartier, mais surtout l'amélioration de leur logement qui est la finalité du PPAB.
Comment vous assurez-vous que l’argent que vous envoyez aux associations est bel et bien utilisé pour l’aboutissement de ce projet ?
Il y a deux mécanismes de suivi qui sont mis en place. Un suivi technique et financier qui est assuré par ERA-Cameroun, partenaire d'exécution du programme étroitement avec le Secrétariat de l'équipe pays. Ce suivi technique et financier et complété par un suivi participatif assuré par le comité de suivi des projets du fonds communautaires PPAB.
