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Dossier de la Rédaction

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Transport interurbain : du respect des passagers

Un bus de 70 places immobilisé suite à une panne dimanche dernier au beau milieu de la nuit, quelque part entre Pouma et Edéa. Abandonnés à leur triste sort par le conducteur et son moto boy, les passagers contraints de dormir à la belle étoile, avec tous les risques sécuritaires de ces derniers temps. Un épisode de plus dans la série des scénarios-catastrophe dont nos principaux axes routiers interurbains sont le théâtre quotidien, avec pour protagonistes les transporteurs par autobus et, dans le rôle de victimes résignées, les voyageurs. Le moins qu’on puisse dire, c’est que dans un secteur d’activité du transport interurbain des personnes par route qui fait courir une foule d’opérateurs, tant il semble juteux, le client est loin d’être roi.

Le peu de considération réservé aux voyageurs par bus de transport interurbain au Cameroun se manifeste dès leur accueil aux gares routières et autres points de chargement des cars et autobus. Mvan, Mimboman, Biyem-Assi ou Tongolo à Yaoundé, Akwa, Mboppi, Deux-Eglises, Bépanda, Dakar, Brazzaville ou Bonabéri du côté de Douala, Ndiandam du côté de Bafoussam, pour ne citer que quelques cas, sont autant de foires d’empoigne où le voyageur est trop souvent la proie des chasseurs de passagers de tout poil. Des voyageurs en puissance, à peine débarqués des taxis, ont vu leurs bagages disputés, voire carrément tiraillés au point de se déchirer, entre deux « chargeurs » opérant pour le compte de transporteurs concurrents  racolant aux abords d’agences de transport régulièrement installés.

Après avoir fait la queue et acheté son billet au guichet de l’agence régulière, le voyageur précautionneux commence à déchanter au moment de prendre place à bord bus où il a été enregistré. A l’embarquement des passagers, la bousculade est la règle générale, le contrôleur se souciant davantage de vérifier les billets que de faire respecter le principe du premier arrivé premier servi. La plupart des autobus et cars en circulation sur nos routes ont vu la configuration d’origine de leur habitacle modifiée en vue d’augmenter le nombre de sièges, de ce fait plus étroits et moins confortables. De sorte que les passagers les plus futés s’arrangent, bien avant le début effectif de l’embarquement, à introduire par les vitres ouvertes divers objets personnels pour réserver les meilleurs sièges, le passager non averti devant se contenter des places les moins confortables.

Le calvaire des passagers des bus de transport interurbain atteint son summum deux fois chaque week-end : avec les départs vendredi des métropoles vers les capitales régionales, et les retours dimanche dans le sens inverse. La forte demande des voyageurs, à laquelle ne peut ponctuellement répondre qu’un nombre insuffisant d’autobus, ouvre la voie à toutes sortes de dérives : hausse des tarifs, surcharges des passagers orchestrés par les conducteurs qui, une fois partis de leur base, insèrent des voyageurs excédentaires dans le moindre espace de circulation dans l’habitacle. La qualité déplorable du service consenti aux voyageurs dénote la mauvaise foi et le manque de scrupules des transporteurs, les propriétaires comme leurs conducteurs, plus préoccupés par leurs recettes que par le minimum d’égards dus à leurs clients que sont les voyageurs.

En vue d’amener les transporteurs des voyageurs par route à offrir aux usagers un service confortable et sécurisé, le ministère des Transports a conduit en août 2012 un audit de conformité des agences de voyages et sociétés de transports routier interurbain. Il en est ressorti que le niveau de conformité s’établissait à l’époque à 4 % à peine, deux agences seulement (une au Centre, une au Littoral) sur les 262 auditées répondant alors aux normes. A observer la récurrence des désagréments subis sur nos grands axes routiers par les voyageurs à bord de bus manifestement gérés à la petite semaine, force est de constater que les opérateurs du secteur des transports interurbains des voyageurs par route ne consentiront pas de sitôt à intégrer comme priorité le confort et la sécurité des passagers, en se conformant à la réglementation  sous l’œil plus vigilant du ministère des Transports.

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