En se faisant représenter par le Premier ministre, chef du gouvernement, Philemon Yang, hier à Douala à la cérémonie d’inauguration de la cimenterie Dangote Cement Cameroon S.A., le chef de l’Etat, Paul Biya, a clairement exprimé son soutien à cette initiative privée de grande envergure qui contribue sans conteste, par la création des richesses et des emplois, à la relance économique et au recul de la pauvreté au Cameroun. Car comme on le sait, le président de la République a fait de la redynamisation de la croissance et de l’amélioration des conditions de vie des Camerounais un de ses principaux chevaux de bataille, comme l’atteste la réalisation en cours du Plan d’urgence triennal doté d’une enveloppe de 9 25 milliards de F CFA. Dans cette optique, tout projet accompagnant la vision présidentielle ne peut qu’être encouragé. C’est justement le cas de la construction d’une nouvelle cimenterie dans la capitale économique, œuvre du milliardaire nigérian Aliko Dangote. L’usine, dont la construction a coûté 90 milliards de F CFA, va non seulement contribuer à diversifier l’offre nationale de ciment, mais aussi, par le jeu de la concurrence, on l’espère, faire baisser progressivement les prix de vente du sac de 50 kg de ce matériau de construction essentiel. Afin qu’in fine, la majorité des citoyens puisse réaliser leur rêve de posséder leur propre logement, à un coût abordable. Par ailleurs, à l’observation, l’avènement de la cimenterie Dangote s’inscrit dans un contexte marqué par une belle tendance haussière des investissements au Cameroun, en dépit d’un environnement économique mondial morose et d’un climat des affaires au plan national qui reste à assainir. En effet, le Rapport du MINFI sur la situation et les perspectives économiques du Cameroun, publié en novembre 2014, souligne qu’après la décélération observée en 2012, l’investissement a progressé de 5,2% en 2013, contribuant pour 1,1 point à la croissance contre 0,4 point en 2012. Le taux d’investissement global est passé de 19,4% du Produit intérieur brut (PIB) en 2012 à 19,5% en 2013. Il se situerait à 20% en 2014 et à un niveau un peu plus élevé cette année, selon les projections. Suivant cette dynamique, la part consacrée à l’investissement public dans le budget de l’Etat va crescendo : 1000 milliards de F CFA en 2014 et 1 150 milliards en 2015, soit une augmentation de 150 milliards. Cet accroissement est en droite ligne avec l’option du gouvernement de faire croître de 1% du PIB les dépenses en capital. Ces fonds contribuent au financement des grands projets structurants dans les secteurs énergétique et des infrastructures de communication, à côté des projets d’investissements publics de petite et moyenne importance tels que la construction des hôpitaux, des salles de classe, des forages, l’extension de l’électrification rurale, le désenclavement des bassins de production, l’entretien routier, etc. L’investissement public représenterait ainsi 2,6% du PIB en 2014, contre 2,5% en 2013. En ce qui concerne l’investissement privé, il s’accélère lui aussi en 2013, avec un taux qui passe de 0,8% en 2012 à 5,6%. Sa contribution à la croissance du PIB s’améliore, passant de 0,2 point à 1,1. En 2014, l’investissement privé progresserait de 9,2% et représenterait 17,4% du PIB. Sur la période 2015-2017, le taux d’investissement moyen du secteur privé se situerait aux alentours de 18,2% du PIB, selon les prévisions. Autre constat, les investissements directs étrangers (IDE) dont fait partie la cimenterie inaugurée hier, soutiennent la croissance de l’investissement privé. En 2013, le montant total des IDE au Cameroun a été de 348,2 milliards. On peut en déduire que l’investissement, secteur public et secteur privé réunis au Cameroun, est certes en croissance, mais il dépasse à peine les 20% du PIB aujourd’hui. A l’analyse, ce pourcentage reste encore faible. L’investissement étant le moteur de la croissance économique, des efforts soutenus restent à fournir pour élever ce taux aux alentours de 25% du PIB. Car les enseignements tirés de l’expérience des principaux pays émergents (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, etc.) au cours des dernières décennies montrent qu’il faut au moins porter la part des investissements à 25% du PIB, niveau empiriquement établi, pour qu’une économie décolle et atteigne une croissance durable de l’ordre de 8% l’an, voire à deux chiffres (à partir de 10%). Pour tout dire, c’est la condition sine qua none pour que le Cameroun puisse devenir un pays émergent à l’horizon indiqué. Dans cette perspective, il faut accélérer la dynamique engagée et améliorer le climat des affaires pour attirer davantage les investisseurs nationaux et étrangers. Ce n’est qu’alors que nous pourrons aller au-delà du taux de croissance de 6,4% projeté en 2015.