Malgré l’ampleur des mesures prises par le président réélu pour normaliser le fonctionnement de la République, la vie politique burundaise demeure perturbée par la contestation du troisième mandat de Pierre Nkurunziza . La crise, qui dure depuis le mois d’avril dernier, est émaillée de violences meurtrières à l’image de celles survenues hier à Musaga, un quartier de la capitale Bujumbura, dit contestataire.
Le chef de l’Etat a beau confier la vice-présidence de l’Assemblée nationale à Agathon Rwasa qui était considéré jusqu’à l’élection présidentielle comme son principal opposant et attribué cinq portefeuilles ministériels aux partisans de celui-ci, la contestation ne faiblit
pas. Certains observateurs voient, à travers la radicalisation des quartiers réfractaires au gouvernement, l’une des applications du programme de l’opposition. L’opposition , qui avait boycotté le scrutin présidentiel, s’était retrouvée, le 1er août dernier, aux côtés des anciens chefs d’Etat burundais et des principaux leaders de la société civile afin de mettre sur pied le Conseil national pour le respect de l’accord d’Arusha et la restauration de l’Etat de droit au Burundi (CNAREC) . A cette occasion, elle a clairement dévoilé son plan d’action à savoir : « Combattre le président Pierre Nkurunziza qui a violé l’accord de paix d’Arusha et la constitution du Burundi en briguant un troisième mandat. » Tandis que dans les rangs du parti au pouvoir, on estime que le président de la République a agi conformément à la Constitution pour avoir été élu pour la première fois à l’Assemblée nationale et par la suite au suffrage universel direct.
Ce n’est pas seulement la contestation qui pose problème au Burundi, mais c’est surtout l’usage que certains en font et les risques encourus. Au sein de l’aile dure de l’ancienne rébellion hutu qui a combattu l’armée dominée par la minorité tutsi durant la guerre civile et qui a pris le pouvoir, on estime que la contestation est animée par les Tutsi. De telles allégations sont graves et irresponsables au moment où les armes prolifèrent à Bujumbura et que le gouvernement et l’opposition durcissent leurs positions. Le Burundi n’a évidemment pas besoin de ces extrémismes suicidaires. C’est donc à dessein que le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Ban Ki Moon, a encouragé, vendredi dernier, les acteurs politiques burundais à renouer le dialogue, le consensus, la démocratie et la résolution pacifique des différends conformément à l’accord de paix d’Arusha.