A tous ceux qui s’obstinent à vouloir le saisir, le lire et maîtriser la logique de son action, Paul Biya a encore donné vendredi dernier une autre cinglante démonstration de l’incertitude et même de la vanité d’une telle entreprise. D’ailleurs, les guetteurs n’attendaient-ils pas le « remaniement » depuis septembre… 2013 ? En deux ans, beaucoup ont eu le temps de se décourager et de retrouver une activité normale. Parce que ce M. Biya-là est tout sauf prévisible. C’est donc finalement ce vendredi, 02 octobre que le décret est tombé, en prenant de court, comme souvent, tous les analystes et même les Camerounais ordinaires qui se sont, pour ainsi dire, spécialisés depuis des années dans l’attente du remaniement ministériel.

C’est vrai, depuis son retour au pays le 12 septembre dernier après un bref séjour privé en Europe, le chef de l’Etat a signé une série très remarquée de décrets nommant des responsables dans plusieurs institutions étatiques (ministères, entreprises publiques et parapubliques, universités d’Etat...) Mais on n’a pas vu venir celui-là. Dans un contexte où le début imminent des opérations de renouvellement des organes de base au sein du parti au pouvoir donnait largement de quoi occuper la scène politique, celui qu’on présente volontiers comme le « maître du calendrier » y est allé de sa touche.

17h hier. Le journal parlé de la CRTV a fait monter la « fumée blanche ». Sous la forme de quatre décrets présidentiels. Réaménagement du gouvernement, nomination du Secrétaire général des Services du Premier ministre, nomination du Secrétaire général adjoint des Services du Premier ministre, nomination d’un Conseiller spécial à la présidence de la République. A la première lecture, on peut aussi dire que les textes présidentiels signés hier ont également déjoué une bonne partie des pronostics. Le président de la République a choisi de ne pas tout chambouler, de ne pas tout reprendre mais d’opérer une sage redistribution des cartes au moment où le pays a besoin de concentration face au double défi économique et sécuritaire qu’impose l’actualité.

Et pour ne pas déroger à la règle, le président de la République a quand même injecté du sang neuf au sein de l’équipe gouvernementale. Onze personnalités (trois femmes) y font leur entrée. Ce sont des visages déjà bien connus de la haute administration camerounaise à l’instar de Joseph Beti Assomo, jusque-là gouverneur de la région du Littoral, promu ministre délégué à la présidence chargé de la Défense ; ou de Minette Libom Li Likeng, directeur général des Douanes, nommée ministre des Postes et Télécommunications