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Dossier de la Rédaction

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Le barrage de Lom Pangar en grandeur nature

« Le rêve est devenu réalité. Le barrage est fonctionnel. Son réservoir est en train de se remplir », se réjouit Dieudonné Samba, élite de l’Est. En effet, la joie était indescriptible à Lom Pangar le 26 septembre 2015, lors de la fermeture du quatrième pertuis de ce barrage. Cette cérémonie marquait ainsi la mise en eau partielle du barrage de Lom Pangar, construit par l’entreprise chinoise, la China Water Engeneering (CWE). Les responsables de Electricity Development Corporation (EDC, maître d’ouvrage), les ouvriers de CWE, les ingénieurs de Coyne&Bellier/ISL (maîtrise d’œuvre), les experts de la Banque mondiale (BM), présents sur le site, ont salué l’opération réussie par des salves d’applaudissements. Personne n’a boudé son plaisir. « C’est un véritable exploit. L’ouvrage est réalisé selon les règles de l’art, malgré de petits retards », a reconnu Stéphan Garnier, expert de la BM.

En effet, le respect des délais est un des défis de ce projet de 238 milliards de francs, financé par cinq bailleurs de fonds : la BM, la BEI, l’AFD, la BAD, l’AFD et la BDEAC. Annoncée pour le 15 septembre 2015, la mise en eau partielle a connu un décalage qui n’a, en rien, altéré le caractère grandiose de l’événement. L’entreprise chinoise a pris un grand soin pour réussir cette étape. « Il fallait s’assurer que les trois premiers pertuis fermés le 24 septembre répondaient aux normes techniques. Au plan écologique, le fleuve en aval ne doit pas être asséché une fois les vannes fermées, ceci, pour éviter que la vie aquatique ne soit perturbée », précise Imed Hafi, ingénieur de génie civil. Les experts de la BM ont effectué le déplacement de Lom Pangar pour vivre cette opération et s’assurer du respect des normes environnementales. Le pari est tenu. Toutes les parties prenantes ont exprimé leur satisfecit.

« Même si on ferme les quatre pertuis, on doit laisser passer une certaine quantité d’eau, c’est ce qu’on appelle, dans le jargon, « le débit écologique », afin de s’assurer de la continuité ou de la survie des espèces aquatiques en aval », explique Georges Arrey, chef d’aménagement adjoint du projet. Dans la pratique, les experts n’ont négligé aucun aspect pour construire cet ouvrage dont les premiers coups de pioche remontent à 2009. La conservation de la biodiversité en aval du fleuve est une priorité. L’équipe de l’exploitation du barrage est à pied d’œuvre : le chef du barrage, Achille Djegoué, ingénieur hydro-électro-mécanicien et d’autres ingénieurs de génie électrique et d’experts en auscultation sont en place.

La construction de ce grand barrage, jamais réalisé depuis des décennies dans notre pays, a mobilisé près de 1000 ouvriers camerounais, 400 Chinois, 50 ingénieurs, experts, techniciens de divers horizons et de toutes nationalités sur le vaste chantier d’une superficie de 54 000 hectares. Plusieurs travaux étaient conduits à la fois, 24 h sur 24, à travers les divers sites : la carrière de Mbimbawara, les deux centrales de concassage… Malgré les grèves à répétition et les conditions de vie difficiles qui ont rythmé l’exécution du chantier, le chronogramme des différentes étapes a été respecté. La forêt a reculé et le barrage a pris forme.

La relance de l’économie

La révolution énergétique nationale est en marche à partir de la région de l’Est. Cette mise en eau partielle entraîne l’exploitation de ce barrage dont l’importance et le poids dans l’économie camerounaise, jusque-là plombée par un déficit énergétique criant, ne sont plus à démontrer. Mahktar Diop, vice-président de la BM pour l’Afrique, en visite de travail, le 22 juillet 2014 sur le site, a résumé la place stratégique qu’occupe cet ouvrage dans la relance de l’économie camerounaise. « Lom Pangar va transformer la carte énergétique du Cameroun, c’est un barrage intégrateur pour l’Afrique », a précisé le haut responsable de la BM.

Selon les projections nationales, Lom Pangar va permettre de construire une demi-douzaine d’autres barrages sur le bassin versant de la Sanaga : barrages de Nachtigal, Song-Mbengué, Song-Ndong, de Kikot, Grand-Eweng, Petit-Eweng… « Des études sur les puissances respectives de ces barrages sont connues », soutient-on du côté de EDC. A terme, il s’agit de mettre en valeur le potentiel du fleuve Sanaga estimé à 6 000 mégawatts (MW). Et le barrage de Lom Pangar entend apporter plus de 3 000 MW de puissance hydro-électrique garantie. Selon les experts, ce barrage va permettre aussi de glaner des points dans l’augmentation du taux de croissance. Quand on sait que le fleuve Sanaga, à lui seul, dispose de 70% du potentiel énergétique du pays et que le Cameroun a le troisième grand potentiel hydro-électrique en Afrique, après la RD Congo et l’Ethiopie, cette réalisation est une fondation pour le décollage économique. Le Cameroun étant le voisin direct de la première puissance économique africaine, le Nigeria, qui souffre d’un déficit de près de 10 000 MW. C’est un grand marché à desservir. Sans oublier la satisfaction de la forte demande nationale. Puisque la production actuelle énergétique du Cameroun, qu’elle soit thermique ou hydro-électrique, est de 1 327 MW. Alors que la demande est de près de 3 000 MW et elle croit de 8% par an et avec un taux d’accès à l’électrification de moins de 20% en zone rurale. Ce taux d’accès est légèrement plus élevé en milieu urbain et dans les grandes métropoles.

L’on se souvient que les abonnés du Réseau interconnecté Sud (RIS)) ont connu des délestages sans précédent pendant l’étiage. Tout simplement parce que la Sanaga avait perdu 1,6 milliard de mètres cubes d’eau. Avec comme pour conséquence une baisse de production de l’ordre de 80 MW. Or, la mise en eau partielle permet de stocker trois milliards de mètre cube d’eau. Et permet d’augmenter la production énergétique des barrages d’Edéa et de Song-Loulou de l’ordre de 80 à 100 MW pour le moment. Aujourd’hui, à cause des fluctuations saisonnières de la Sanaga qui ne sont pas maîtrisées, les turbines de ces deux usines ne tournent qu’à peu près à 30% de leur capacité. Alors qu’avec Lom Pangar, ces turbines vont tourner à plein régime.

Théodore Nsangou, directeur général de EDC, annonce que la réussite de la mise en eau partielle est un bon indicateur pour la poursuite en toute sérénité de la construction de l’usine de pied et de la ligne de transport de haute tension, de Lom Pangar à Bertoua. Avec des postes de transformateurs à Bertoua, Batouri, Abong-Mbang et autres. 150 localités seront électrifiées à l’Est. Or, le besoin énergétique de cette région est de 15 MW. A l’heure actuelle, les centrales thermiques de l’Est ne permettent de produire que moins de 8 MW. « On sait que la production de l’usine de pied de Lom Pangar est de 30 MW, soit le double de la demande. Ce qui répond en toute logique au besoin énergétique de cette région pour près de 50 ans », analysent les experts de EDC. Mais, tous les efforts consentis pour la réalisation de Lom Pangar ne pourront produire des effets escomptés pour la relance de l’économie nationale que si la construction des autres ouvrages sur le bassin versant de la Sanaga est effective.

 

 

 

 

 

 

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