Les lendemains du premier tour de la présidentielle guinéenne s’annoncent difficiles. Les 7 candidats opposés au chef de l’Etat sortant, Alpha Condé, ont dénoncé, avant-hier, des fraudes lors dudit scrutin et affirmé qu’ils rejetteront ses résultats. Le leader de l’opposition, Celou Dalein Diallo, président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), croit savoir que la présidentielle du 11 octobre a été une mascarade. A son avis, la fraude massive qui a été organisée le jour du vote se poursuit au niveau des commissions administratives et de centralisation des votes.
Evidemment, cette perception de l’élection présidentielle est invalidée par le camp gouvernemental. Celui-ci estime que l’opposition se livre de nouveau à la surenchère tandis que la Commission nationale électorale indépendante(CENI) se concentre sur le dépouillement des procès-verbaux des 14000 bureaux de vote que compte le pays. Le porte-parole de la majorité présidentielle, Albert Damantang Camara, relève que la présidentielle s’est déroulée selon les règles de l’art. Il dénonce la position de l’opposition, lui demande de faire preuve de responsabilité et note que les diplomates et les observateurs étrangers ont « apporté de la transparence au scrutin. » Cette divergence d’opinions se situe en droite ligne de l’ambiance qui prévalait déjà lors de la campagne électorale. Les désaccords entre le gouvernement et l’opposition portaient sur l’inversion du calendrier électoral. Selon l’opposition, l’organisation des élections locales avant la présidentielle se justifiait du fait que faute d’un scrutin local depuis 2005, certaines mairies ont été remplacées par des délégations spéciales non-élues mais nommées par le gouvernement. Ces désaccords étaient aussi liés à la transparence du scrutin. A telle enseigne que la campagne électorale a été particulièrement tendue. Même si l’élection présidentielle s’est déroulée dans un calme relatif.
Le discrédit jeté sur la présidentielle par l’opposition, au lendemain de ce scrutin, est périlleux pour la Guinée. Rien ne l’engage à revoir sa position après la présentation du rapport des observateurs de l’Union africaine et de l’Union européenne. Car pour les extrémistes, la communauté internationale s’est rangée du côté du camp gouvernemental et n’a pas pu mesurer la gravité de la crise qui secoue ce pays. Il en avait déjà été ainsi lorsque le représentant spécial du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Mohamed Ibn Chambas, insistait sur l’urgence d’un dialogue entre le gouvernement et l’opposition pour une élection présidentielle crédible et apaisée.