Rideau sur l’élection présidentielle guinéenne du 11 octobre dernier. Alpha Condé, le chef d’Etat sortant a obtenu la majorité absolue au premier tour de la présidentielle, une réélection contestée d’avance par l’opposition qui crie à la fraude et annonce son intention de manifester «le moment venu». Le président Condé tablait pour l’emporter sur son bilan : réforme de l’armée et de la justice, transparence sur l’attribution aux sociétés minières des contrats d’exploitation des précieuses ressources du pays (bauxite, minerais de fer…), lutte victorieuse contre l’Ebola et surtout, comme plat de résistance, l’achèvement du barrage hydro-électrique de Kaléta, un projet en gestation depuis… 49 ans ! C’est tout dire. Le barrage de Kaléta, c’est une œuvre monumentale de 23 millions de mètres cubes de volume d’eau et développant une puissance de 240 mégawatts. Mais aussi une ligne électrique de 186 kilomètres.
«De nombreux progrès ont été accomplis depuis 2010 : restauration du contrôle fiscal, politique monétaire resserrée, taux de change stabilisé, baisse de l’inflation», s’était félicité Antoinette Sayeh, directrice adjointe du Fonds monétaire international (FMI) en septembre 2012. L’annulation et la renégociation à la hausse de la plupart des conventions minières signées avant son élection, peuvent être également être mises au crédit du régime de celui qui fut l’un des leaders de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF) de 1967 à 1975. Ainsi que la construction de nouvelles infrastructures comme les 45 kilomètres d’autoroutes. Il ne se gêne d’ailleurs pas pour répéter qu’en cinq ans, il a fait mieux que tous ses prédécesseurs réunis en 50 ans. Qualifié dans son pays d’opposant « historique », Alpha Condé n’a jamais pactisé avec les précédents régimes depuis l’indépendance de son pays en 1958. C’est ainsi que sous Sékou Touré, sous la dictature militaire de Lansana Conté, il a fréquemment été jeté en prison. Pourtant ses principaux adversaires de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et Lansana Kouyaté notamment ont servi comme Premier ministre de Lansana Conté. Une position qui ne leur a pas permis d’imprimer sur la marche du pays malgré le retour au multipartisme dans les années 1990. Un handicap qui a sans doute joué en faveur du président Alpha Condé à qui les Guinéens ont donné la prime au sortant pour poursuivre la mise en œuvre avec efficacité de tous les chantiers lancés depuis 2010. Ayant gagné en expérience dans la gestion des affaires publiques, Alpha Condé a donc du pain sur la planche.
