Des policiers qui tirent sur un bus funéraire faisant entre un et seize morts, selon les sources. C’était samedi dernier. La violence qui perdure au Burundi depuis plusieurs mois ne faiblit pas, au contraire. Entre actions et représailles, le pays ne fait que s’enfoncer davantage dans un gouffre de violence dont pour l’heure nul ne voit l’issue. Et en l’absence d’une plate-forme de dialogue entre le pouvoir et l’opposition, ce pays des Grands Lacs patauge dans un marigot infesté de crocodiles et de prédateurs de diverses natures. Aussi dangereux les uns que les autres pour l’avenir du pays. A titre d’exemple, et selon des sources sur place à Bujumbura, la capitale, les policiers impliqués dans l’attaque du bus bondé revenant d’un enterrement appartiendraient à la brigade anti-émeute, une unité nouvellement créée pour lutter contre les actes de « terrorisme ». D’autres sources affirment que depuis deux mois, les positions de la police sont régulièrement attaquées par des « bandes de criminels », le terme officiel désignant une rébellion naissante issue de la contestation du troisième mandat du président Pierre Nkurunziza.
A titre de rappel, on sait que c’est la volonté acharnée de M. Nkurunziza –au pouvoir depuis 2005 et réélu en juillet dernier- de conquérir un troisième mandat, malgré les critiques de l’opposition, de la société civile et de la communauté internationale qui a plongé le pays dans une grave crise politique, émaillée de violences meurtrières. Des leaders politiques ont été ciblés et froidement abattus ainsi que des journalistes, certains avec leurs familles ont été exécutés sans pitié. Des nuits de violence se succèdent dans certains quartiers de Bujumbura. On cite des assassinats, détention arbitraires et des cas de torture qui ont eu lieu durant la campagne électorale. Et selon les ONG opérant sur le terrain, près de 200 000 personnes ont dû fuir le pays depuis 2015. Face à une situation aussi inquiétante, la pression internationale s’intensifie sur les autorités burundaises. C’est ainsi que le président Barack Obama a retiré au Burundi son statut de partenaire commercial privilégié des Etats-Unis. Et le Conseil de sécurité de l’ONU a apporté récemment son soutien à la décision de l’Union africaine de lancer une enquête sur la violation des droits de l’homme au Burundi et s’est dit prêt à agir. Le but étant d’envoyer un message fort à toutes les parties au Burundi pour faire prévaloir le dialogue et l’apaisement. Car il ya urgence, sinon le pire serait à craindre.