En juin dernier, les Maliens ont célébré avec un ravissement non feint la signature d’un accord de paix entre le gouvernement de Bamako et les groupes armés du Nord du pays, sous la bannière de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).

Cet accord était censé apaiser les tensions entre la communauté touarègue singulièrement et le reste du pays.  Alors qu’on guette depuis quelque temps, la matérialisation de cet accord avec un réel dégel de l’axe nord-sud, il ne se passe de semaines, sans qu’un incident ne vienne remettre en cause le fragile équilibre de l’accord signé à Alger. Ces derniers jours, c’est le leader touareg islamiste, Iyad Ag Ghali, dans un document sonore authentifié qui a annoncé qu’il rejette l'accord de paix signé par ses anciens alliés.  Contre l’application de l’accord d’Alger, il précise qu’il  n’hésitera pas à user de tous les moyens en sa possession.

La sortie d’Iyad Ag Ghali sème le trouble dans les esprits au Mali. Le leader islamiste  tente en effet, d’endoctriner des jeunes du nord du Mali, à qui il demande de se mobiliser contre l’accord  d’Alger. Cette démarche pourrait ainsi saper les efforts déployés par d’autres acteurs pour parvenir à une normalisation de la situation sur toute l’étendue du territoire malien. La Caravane Azalaï de la paix a,  par exemple, sillonné le pays il y a quelque temps. Par ailleurs, des rencontres intercommunautaires ont eu lieu à Ansongo et à Gao à l'initiative du gouvernement et des populations locales afin de  « réapprendre à se parler ». Ces initiatives vont toutes dans le sens de la réconciliation nationale. Et il est important qu’elles ne soient parasitées par aucun autre discours. Toujours est-il que l’émoi suscité à travers le monde par les attentats de Paris est un mal pour un bien. Il permet, en effet, de maintenir en éveil tous les acteurs de la crise malienne, sur la nécessité d’œuvrer pour la paix.  Iyad Ag Ghali ou tout autre fauteur de troubles doit  pouvoir trouver une population et un gouvernement mobilisés.