Un immeuble dont les travaux d’élévation allaient sur le quatrième étage s’est effondré dans la nuit du mardi 27 octobre 2015 à Ndogbati, arrondissement de Douala V. Cette catastrophe fait suite à celle du jeudi 24 septembre 2015.
Ce matin-là, jour de la célébration de la tabaski, deux immeubles de cinq niveaux dont les travaux tiraient vers leur fin se sont écroulés dans la capitale économique.
Quartier Nkongmondo, rue Um Nyobè. « Nous étions au carrefour quand un bruit a retenti comme le tonnerre. Après, nous avons vu une colonne de fumée monter vers le ciel du côté de ces deux immeubles en construction. Arrivés sur les lieux, nous avons constaté que cinq maisons étaient englouties dans les décombres », se souvient un jeune du quartier. L’effondrement de bâtiments n’est plus un phénomène rare dans les grandes villes et même dans l’arrière-pays. Les colonnes des journaux sont remplies de ces faits divers. Vendredi 9 mai 2014, un immeuble de quatre étages en construction s’affaisse au lieu dit Pharmacie de l’harmonie, au quartier Bonamouang à Douala. Mercredi 17 juillet 2013, un immeuble de six étages s’écroule au quartier Akwa, rue Mermoz. La capitale économique avait déjà fait parler d’elle relativement à ces incidents le 18 août 2009, quand un cinq étages abritant des classes du groupe scolaire Dora et Djemba avait fini en amas de gravats. Yaoundé n’est pas épargné de ces catastrophes. En 2010, deux accidents majeurs ont été enregistrés respectivement au quartier Nkolndongo et à Elig-Essono, le 25 février et le 9 août. Si dans certains cas, l’on n’a déploré aucune perte en vie humaine, il n’en a pas toujours été ainsi. Une femme enceinte et son enfant de quatre ans ont laissé leur vie dans les décombres d’un de ces
immeubles. A plusieurs reprises, des cas graves ont été évacués vers les hôpitaux. Et comment ignorer les dégâts matériels affectant parfois aussi d’autres bâtisses dans le voisinage et s’élevant à plusieurs millions de francs. A l’origine de ces catastrophes, le non-respect des normes de construction de génie civil, selon les experts. « Normalement, un immeuble à plusieurs niveaux doit être contrôlé par un ingénieur de génie civil agréé pour les notes de calculs. En principe, avant de délivrer un permis de bâtir, on devrait se rassurer qu’un ingénieur de génie civil a certifié les plans ainsi que les notes de calcul. Quand je parle de notes de calcul, je fais allusion au calcul des ferraillages, de la pose de ciment. Il faut également examiner la qualité des agrégats : ciment, sable parce qu’il y a des sables contenant de la rouille. C’est la raison pour laquelle quand il pleut, vous verrez sur certains bâtiments de la rouille qui descend sur les murs. Ensuite vous allez voir des fissures sur les murs. Il faut tenir compte de tout cela avant de construire. Parfois, c’est aussi le maçon qui vient faire le mauvais dosage en faisant des économies de sable ou de ciment. Si la chaîne d’erreurs ainsi créée n’est pas traitée, l’immeuble s’écroule. Peu importe le nombre d’années que ce processus prendra », explique Kameni Djouteu, ingénieur de génie civil.