L’espoir suscité par la visite du pape en République centrafricaine a été tel qu’on s’attendait à une régression de la violence dans ce pays aux lendemains du séjour pontifical. Surtout que le souverain pontife a clairement marqué son opposition à la vengeance, la violence et la haine aveugle que le démon déchaîne et réaffirme que chrétiens et musulmans sont frères.
Il reste cependant que la barbarie n’a pas reculé « au Berceau des bantous ». Avant-hier, huit civils ont été tués, à Bambari au centre du pays, lors d’une attaque d’un camp de réfugiés perpétrée par des membres de la Séléka tandis que cinq assaillants ont été anéantis par des éléments de la force de maintien de la paix des Nations unies. Autant , on ne peut s’empêcher de condamner cette nouvelle attaque , autant , il y a lieu de constater que des chefs de guerre continuent de torpiller le processus de sortie de crise qui passe inéluctablement par la présidentielle du 27 décembre prochain . Ceux-là souhaitent certainement que la RCA demeure dans la situation actuelle afin qu’ils en tirent personnellement le maximum de bénéfices. C’est à dessein que le chef de guerre Nourredine Adam ne se gêne pas du tout pour déclarer que son groupe armé, qui contrôle une partie considérable de l’Est du pays, s’opposera aux élections dans son unité de commandement ainsi qu’à tout déploiement de l’autorité de l’Etat.
Avant la mise en scène de Nourredine Adam, des anti-balaka s’étaient payés le luxe de kidnapper la vice-présidente du Conseil national de transition ainsi que des soldats des forces de maintien de la paix. Pendant ce temps, le climat de terreur entretenu par les groupes armés se répandait dans tout le pays amplifiant ainsi la misère des populations démunies et désorientées à cause de ce désordre, et accroissant le nombre de morts et de déplacés. Toujours est-il que les élections censées rompre ce cycle infernal et parachever la transition finiront par se tenir. Les groupes armés ont beau retarder ce processus, il débouchera incontestablement sur des élections apaisées, transparentes et crédibles. La transition politique a été prorogée, à juste titre, du 31 décembre 2015 au 31 mars 2016, pour mener à bon port ce processus avec le référendum constitutionnel reprogrammé le 13 décembre et la présidentielle de même que les législatives annoncées le 27 décembre prochain. L’option de la guerre ayant étalé ses limites, l’heure est certainement venue pour les Centrafricains de relever le défi d’une paix durable qui replace l’avenir du pays au centre des préoccupations de tous les citoyens.