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Dossier de la Rédaction

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Une vie de bonne

La comédienne Patricia Gomis écume les scènes avec « Moi, Monsieur, Moi ». « Vous avez entendu, c’est la voix de ma mère. Je cherche ma mère ». Ce sont les premières paroles de « Moi, Monsieur, Moi ». Prononcées par un personnage de petite fille portant dès l’ouverture du rideau une charge (ensemble des éléments du décor) trop lourde pour elle. Lourd, le spectateur, dans un élan d’anticipation, sent que le sujet va l’être. Pourtant non ! Parce que Patricia Gomis, auteure et comédienne sénégalaise de 42 ans aujourd’hui, costume de son enfance enfilé pour cette œuvre autobiographique conçue et mise en scène avec Márcia De Castro en 2011, va choisir le contrepied : l’humour. Et rire, les spectateurs de l’Institut français de Douala où Patricia est passée récemment sur sa route africaine du souvenir, ne vont pas s’en priver. Surtout avec ces lumières vives qui rendent la pièce pétillante.

« Moi, Monsieur, Moi », c’est le cri d’une femme qui revendique son droit à la parole. C’est la thérapie de Patricia Gomis. Et comme les écrivains Alain Mabanckou, Florent Couao-Zotti ou encore Sami Tchak, l’auteure a emprunté le chemin de la dérision et de l’ironie pour prendre de la distance avec le grave. Distance représentée aussi par la marionnette qui l’accompagnait sur scène. La poupée était Patricia et Patricia était la poupée. Au figuré sur les planches, au propre dans la vie. Petite fille-chiffon baladée de famille en famille, enfant corvéable à souhait.  Colis  « fermé, envoyé, expédié chez le cousin, la cousine, l’oncle, la tante ».

Et comme les auteurs cités plus haut, avec plus de subtilité quand même, Patricia Gomis utilise les artifices de la langue pour cacher les blessures d’une société pas tendre avec les femmes. Un instituteur qui aime les « mangues » de ses élèves, le mariage précoce, l’excision, le marabout du coin, un vieux dégoûtant lubrique et escroc. Et ça continue outre-Atlantique. « Bienvenue en France ». Là où elle espérait un autre destin, Patricia G., devenue adolescente, passe d’enfant-bonne à bonne d’enfants.

Pourtant, contre tous ces obstacles, Patricia Gomis va se rebeller. S’enfuir à 21 ans pour construire la réalité de son rêve à elle. La recherche de liberté, on la sentait déjà au début du spectacle, quand la comédienne, pour parler de la fratrie de sept enfants dont elle est la dernière. Ils sont des bouts de bois de Dieu. Un parallèle avec le roman éponyme de son illustre compatriote Sembène Ousmane, qui revenait sur la grève des 20 000 cheminots (qui s’appelaient les bouts de bois de Dieu) de la ligne Dakar-Bamako en 1947. L’indépendance, ça s’arrache !

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