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Dossier de la Rédaction

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« En attendant Godot » en noir et blanc

theatre-godotLa pièce de Samuel Beckett a été mise en perspective africaine par Martin Ambara jeudi à l’Ifc de Douala.

Qui est donc Godot ? De l’œil de Martin Ambara, metteur en scène du chef-d’œuvre de l’Irlandais Samuel Beckett publié en 1952, Godot est peut-être l’équilibrage des relations Nord-Sud. Entre l’Afrique et ses anciennes puissances colonisatrices. D’égal à égal. « En attendant Godot » : le rêve de voir le monde changer que nourrissait Beckett au lendemain de la seconde guerre mondiale et de ses atrocités. De le voir devenir meilleur. Une parfaite chimère donc une fois qu’on se plonge dans cette 7e représentation de la pièce par Othni-laboratoire de théâtre, en collaboration avec la compagnie de l’Archer, venue de Belgique. Sur les planches de l’Institut français de Douala ce 10 décembre 2015.

Dans un décor désolé, arbre sans feuilles, vieilles roues, carcasse de véhicule, croissant de lune accroché à un ciel à la proximité oppressante, comme regarder au loin et ne voir aucun horizon, des lumières qui oscillent entre le vif et le tamisé, l’espace de jeu qui engloutit la salle entière, spectateurs avec, on est dans un pessimisme ambiant. On va passer près de deux heures là et ce Godot justice ne viendra jamais. Pour un théâtre tout en symbolismes. Vladimir l’Occidental (joué par Nabil Missoumi), casque colonial vissé sur les cheveux, la parole et le geste humanistes, pense toujours autant pour Estragon (interprété par François Ebouelle), l’Africain, plus de cinquante ans après!

Estragon, le petit nom que son « ami » Vladimir, dit Didi, lui donne, c’est Gogo. Nom de crédule et naïf à souhait. Adepte du défaitisme, toujours sur le départ (il ne va jamais nulle part), partisan du moindre effort, il est toujours pratiquement plié en deux, ce qui n’est pas le cas de son vis-à-vis qui lui se redresse de temps en temps. Didi l’homo sapiens contre Gogo, le préaustralopithèque. Ou Didi, la puissance colonisatrice qui a modifié sa stratégie dans les relations avec l’ancien indigène, Gogo.

Le tandem aura l’occasion de se regarder dans un miroir d’un genre particulier, en rencontrant Pozzo et son esclave  Lucky (François Stéphane Alima Mbarga et Moïse Junior Esseba). Ces deux-là, c’est la version antérieure et beaucoup moins diplomatique de Vladimir et Estragon. Celle de la mission « civilisatrice ». Lucky se balade avec une corde au cou, transportant tous les bagages, le pas lourd faisant autant de bruit qu’un sabot, tournant le dos à Estragon avant de lui envoyer un coup de pied. Il rappelle étrangement l’analogie entre l’âne et l’Africain que l’on pouvait faire lors de l’exposition coloniale de 1931 à Paris.

Cet étalage de mauvais sentiments n’est pas arrangé par les costumes des protagonistes. Des guenilles. Doit-on y voir la désuétude de la relation inégale entre l’Africain et son supposé ex-maître et le besoin d’y insuffler un nouvel élan ? Là se cache Godot. Le nôtre.theatre-godot

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