Le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle (MINEFOP) envisage de créer dès cette année et ce jusqu’en 2020, des emplois pour les jeunes.
Le Plan d’action national mis en place, à cet effet, et récemment validé à Yaoundé table sur 380 000 emplois dans des secteurs bien précis : agriculture, tourisme, pisciculture et élevage. Le principal objectif visé étant d’adresser le problème du sous-emploi. Il s’agit du rapport du nombre de chômeurs (selon le Bureau international du Travail) et actifs occupés en situation de sous-emploi (visible ou invisible) à la population en âge de travailler, exprimé en pourcentage. Le sous-emploi visible est le fait pour une personne active occupée de travailler involontairement moins de 40 heures par semaine. Tandis que le sous-emploi invisible traduit le fait qu’un actif occupé, travaille en gagnant moins que le Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG, 36 270 FCFA) horaire en vigueur
En effet, la dernière enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM 4) réalisée par l’Institut national de la statistique (INS) sur la période 2007-2014, révèle que l’économie informelle continue d’être le réceptacle de jeunes chômeurs à la recherche de leur subsistance, en attendant de meilleures opportunités d’insertion dans l’économie moderne. Le taux d’informalité des emplois est passé, selon l’INS, de 90,3% en 2007 à 88,6% en 2014. Une baisse encore jugée insuffisante. Le taux de sous-emploi global chez les jeunes âgés de 15 ans ou plus, se situe à 77,6% en 2014, d’après les données de l’INS.
Sur la structure du marché du travail au Cameroun, on apprend également de l’enquête de l’INS, que le secteur tertiaire (administrations et entreprises publiques) a été le plus dynamique dans la création d’emplois, contrairement au secteur privé, plus hésitant. En effet, la part du tertiaire dans les emplois est passée de moins de 20% en 2007 à 24% en 2014. Par contre, sur la même période, la part de l’agriculture a reculé, passant de 57 à 45%, du fait de la migration des chercheurs d’emplois vers d’autres secteurs d’activités. En plus du tertiaire, la contribution des secteurs de l’agro-alimentaire et des bâtiments et travaux publics (BTP) a considérablement évolué. L’augmentation du volume d’emplois est respectivement de 84% et 40%. Toutefois, l’agriculture reste en tête des secteurs d’activités qui contribuent à la création d’emplois des jeunes de 15 ans ou plus (45,3% en 2014) suivi des services (24,4%) ; le commerce (14,0%) ; l’agro-alimentaire (7,0%) ; les autres industries (4,2%), les BTP (2,8%) ; l’élevage et la pêche ( 2,3%).
Aujourd’hui, la lutte contre le chômage des jeunes, commande, autant pour le gouvernement que pour les jeunes chercheurs d’emplois, d’explorer les nouveaux secteurs qui recrutent. Il s’agit principalement des Technologies de l’information et de la communication (TIC). Dans son message à la Nation le 31 décembre dernier, le chef de l’Etat, Paul Biya, a, à ce propos, souligné le retard du pays dans le développement de l’économie numérique, considérée comme une niche d’emplois nouveaux pour les jeunes. Le commerce électronique, le développement des applications mobiles et autres appareils numériques sont quelques activités où des jeunes s’investissent déjà. Mais pas assez au vu des opportunités que le secteur offre. Le tourisme et l’hôtellerie ne sont pas en reste. L’organisation des Coupes d’Afrique des Nations (CAN) 2016 et 2019 par le Cameroun sont incontestablement des signes précurseurs d’un frémissement dont il faudra savoir tirer profit. Idem pour les filières de l’ingénierie, dont les débouchés restent certains avec les différents chantiers en cours à travers le pays. Il reste encore, pour les jeunes en quête d’un emploi, à saisir les opportunités qu’offrent ces nouveaux filons. Et pour le gouvernement (avec l’aide de ses partenaires au développement), de les y intéresser. Notamment au travers de la multiplication des appuis financiers comme les 33,5 milliards de F investis récemment dans le Programme de promotion de l’entreprenariat agropastoral des jeunes. La sensibilisation des chercheurs d’emplois sur l’existence de ces nouveaux métiers et la formation professionnelle sont également des actions qui pourraient contribuer à atteindre l’objectif visé dans le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE), qui est de ramener le sous-emploi de 75,8% à moins de 50% à l’horizon 2020.