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Dossier de la Rédaction

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Emploi-jeunes : un cadeau royal

Dans un environnement international économiquement dépressif et politiquement instable, et un contexte intérieur non moins délicat, avec la plaie de l’insécurité à la frontière nigériane, et la chute des prix des produits de base, sans doute les exégètes et les politiques attendaient-ils le président de la République au tournant. Notamment sur le choix de l’approche, dans sa traditionnelle prise de parole de la Fête de la Jeunesse.

En effet, les jeunes constituent sans nul doute la couche sociale la plus vulnérable aux chocs endogènes et exogènes que subit le pays. Avec un taux de scolarisation relativement élevé, le Cameroun compte ainsi près de six millions d’élèves et étudiants, et produit à la pelle de nouveaux diplômés qui frappent chaque année aux portes du monde du travail. Sans oublier la jeunesse rurale, qui aspire elle aussi à l’amélioration de  son niveau de vie.

Dans cette ambiance électrique, Paul Biya allait-il éluder les questions qui fâchent, telles que l’ascenseur social, que les jeunes disent en panne, la formation scolaire et académique souvent en déphasage avec les mutations du monde du travail, et surtout l’équation toujours complexe de l’emploi ? Allait-il pratiquer la langue de bois en servant une rhétorique hermétique ? Ou alors s’en tenir à de vagues promesses, assorties d’un appel à la patience ?

Rien de tout cela, à vrai dire. Car en faisant d’emblée une annonce-choc, la création du plan triennal « spécial jeunes », et en faisant l’éloge des jeunes chercheurs et entrepreneurs camerounais devenus célèbres du jour au lendemain, grâce à leurs innovations créatrices, appelées à révolutionner leur domaine d’activités, le chef de l’Etat a fait le choix d’une posture plus offensive et plus galvanisante.

De fait, dans un monde d’opportunités, seuls les plus téméraires gagnent. Pour peu que leur sens de l’initiative et leur courage ne soient pas inhibés par la recherche du gain facile, l’attentisme, ou le sens de l’assistanat, les jeunes Camerounais peuvent en 2016, gagner de haute lutte leur place au soleil. De toute évidence, les possibilités sont réelles, martèle le chef  de l’Etat, dans les trois secteurs-clés que sont l’agriculture, la nouvelle industrialisation, et l’économie numérique.

On peut concéder à une jeunesse légitimement impatiente de mordre dans la vie que l’offre d’emplois demeure globalement insuffisante, eu égard à la demande. Néanmoins, tous les espoirs sont permis, avec la mise en exploitation de certaines grandes infrastructures et l’exécution du plan d’urgence triennal, même si certains ouvrages d’envergure ont pris du retard, plombés par les lourdeurs ou la corruption de la machine administrative. Tout en faisant l’éloge du courage et de l’audace, le président de la République déroule la surprise du chef, véritable coup de pouce royal à ses jeunes compatriotes, et joyau de cette 50e édition de la Fête de la Jeunesse : le lancement du plan triennal « spécial jeunes », doté de 102 milliards, dont la mission est de faciliter l’insertion économique de la jeunesse. Un cadeau inespéré que les jeunes du Cameroun accueillent avec ferveur, en attendant qu’il soit officiellement porté sur les fonts baptismaux.

Autant le dire, le pays avait besoin d’une telle initiative, bien cadrée, avec des balises visibles, pour guider les jeunes dans le labyrinthe du monde de l’emploi. Force est de reconnaître que  dans le foisonnement de projets pourtant porteurs que le gouvernement a mis en route, il manque souvent une forme de boussole pour les jeunes chercheurs d’emploi. Pas de facilitateurs connus et accessibles, pas de politique formelle de promotion de projets, ni de vulgarisation des procédures d’éligibilité, ne serait-ce qu’au travers des sites d’information. Les difficultés d’accès à cette précieuse information les réduisent alors à de véritables réseaux  d’initiés, avec le risque réel d’une confiscation desdits projets par des hauts fonctionnaires.

Le plan triennal « spécial jeunes » aura le mérite de la visibilité. Et souhaitons-le, celui de la lisibilité.

L’autre lecture que l’on pourrait faire de ce message présidentiel aux jeunes est plus subtile. Elle se décline en cette phrase : il est faux de croire que hors la Fonction publique il n’y a point de salut. La Fonction publique n’est pas extensible à l’infini, et dans une économie libérale, les entreprises sont le premier lieu de création de richesses. L’insistance du chef de l’Etat sur la prise d’initiatives des jeunes et l’économie numérique, gisement d’emplois, est une véritable ode au courage d’entreprendre, un défi à l’inertie et aux atavismes. C’est aussi le signal que l’Etat-providence doit se muer progressivement en Etat facilitateur et accompagnateur, au moment où ses ressources sont comptées.

Cette orientation devrait amener logiquement le gouvernement à rendre plus efficients les processus de création d’entreprises et à encourager l’auto-entrepreneuriat jeune. Cela demande certes une certaine prise de conscience, une administration plus efficace, et le courage, pour les jeunes, d’oser sortir de leur zone de confort. Mais le prix à payer est insignifiant en comparaison des gains escomptés, sur tous les plans.

Ce panorama d’opportunités déroulé par le chef de l’Etat ne serait toutefois pas complet, si l’on n’évoquait pas le nouveau dada des Jeunes : les  technologies numériques. Très en phase avec la « génération Android », Paul Biya demande à son gouvernement de rattraper le retard accumulé dans ce domaine, afin que pour les jeunes générations, les technologies de l’information et de la communication ne soient plus seulement une passion, mais qu’elles deviennent un filon.

A ce sujet, nous croyons qu’il n’y a pas de honte à s’inspirer de ceux qui ont réussi à capitaliser les TIC avant nous, contribuant à créer des milliers d’emplois-jeunes. Il s’agit du Kenya, du Sénégal, du Nigéria. A dire vrai, l’expérience ivoirienne même n’est pas inintéressante à cet égard. A une heure d’autoroute d’Abidjan, une zone franche dédiée à la nouvelle économie accueille ainsi les entreprises spécialisées. La gestion de ce complexe high-tech a été confiée à une société privée, qui vit en prélevant à chacune des entreprises hôtes 2,5 % de son chiffre d’affaires. Ce centre est aussi un incubateur de start-up, et les jeunes peuvent y soumettre à volonté leurs projets, pour tester leur viabilité, et les porter à maturation.

En définitive, si tous les acteurs concernés – administration, jeunes, gouvernement – jouent le jeu, on peut espérer que 2016 soit un tournant pour l’emploi des jeunes, tant la détermination du président de la République est grande. En tout état de cause, on a le sentiment, au sortir de ce énième face-à-face entre Paul Biya et les jeunes, que si le pays échoue maintenant dans ce domaine précis, ce ne seront pas les financements qui auront fait défaut, mais la méthode, la volonté, la synergie. Le patriotisme aussi…

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