Producteurs locaux et importateurs proposent désormais ces solutions, pour notamment desservir les régions septentrionales. Plusieurs constructeurs de Yaoundé ont récemment été intrigués par la présence, dans les quincailleries, de ciments conditionnés dans des emballages plastiques. Beaucoup se sont donc interrogés sur cette situation, étant entendu que l’usage de cette matière est désormais interdit au Cameroun. Pourtant, à en croire ce jeune gérant de quincaillerie située au marché de Mokolo, « ça fait plusieurs mois que le ciment se vend dans les sacs plastiques ». Le vendeur assure que si les gens ne le savent pas, « c’est parce que ces sacs-là sont rares à Yaoundé. Les camions les chargent à Douala et les amènent généralement vers le Nord », explique notre source. Même son de cloche dans plusieurs autres points de vente de la ville, où les commerçants indiquent que c’est dans le septentrion que ces emballages sont vulgaires. « Il s’agit notamment du Ciment Konch, de CIMAF et de Dangote », précise l’un d’entre eux.

Joint par téléphone, Abdullahi Baba, directeur général de Dangote Cameroon SA, assure qu’effectivement, « 30% de notre production qu’on achemine dans le Nord sont emballés dans du plastique conforme à la réglementation camerounaise ». Il explique que la solution s’imposait, à cause des plaintes incessantes des distributeurs des régions septentrionales. « Ils enregistraient 15 à 20% de perte dans le transport, du fait notamment des sacs papiers qui se déchiraient en chemin. Le problème étant, nous nous sommes adressés au ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable (MINEPDED), qui nous a autorisés à utiliser des emballages plastiques solides, que nous avons obligation de recycler », rapporte le DG de Dangote Cameroon. Ainsi, qu’il s’agisse de production ou de recyclage, Abdullahi Baba indique que sa cimenterie est assistée et contrôlée en permanence par des experts environnementaux.

A l’observation, les emballages plastiques utilisés par les cimentiers sont semblables aux sacs « Mbandjock », vendus impunément dans les marchés. Joints au téléphone, les délégués régionaux du MINEPDED du Nord et de l’Extrême-Nord rappellent simplement que les emballages plastiques interdits sont ceux de 0 à 60 microns. « L’usage à titre commercial des emballages de plus de 60 microns est néanmoins assujetti  à l’obtention d’un permis environnemental sur lequel est attaché un plan de gestion de déchets, notamment la collecte et le recyclage », précise Damou Lamtoing de l’Extrême-Nord. Concernant particulièrement le type d’emballage utilisé par les cimentiers, notre source indique que « du fait qu’ils ne se retrouvent pas en grand nombre dans la nature et sont réutilisables, ils ne posent véritablement pas de problème ». Encore qu’ils sont autorisés et contrôlés.