Interpellé en vain plusieurs fois par la médiatrice de la République Thuli Madonsela, pour le remboursement d’une partie des frais déboursés pour les travaux de sa résidence privée, le président sud-africain Jacob Zuma consent finalement à payer. Une dépense estimée à 15 millions d’euros, environ 10 milliards de F CFA, avait été effectuée pour rénover sa propriété de Nkandla. C’était lors d’une allocution télévisée à la nation vendredi soir. Une intervention qui survient au lendemain d’un jugement sans appel de la Cour constitutionnelle de la « nation arc-en-ciel » qui a ordonné au président de la République de rembourser une partie de cet argent public, jugeant en outre que le chef de l’Etat a « failli à ses devoirs de défendre et de faire respecter la Constitution ». Ce verdict sans équivoque pour l’exécutif ouvre la porte à une éventuelle procédure de destitution du président Jacob Zuma. D’autant plus que les partis d’opposition, forts de cette victoire juridique, ont décidé de porter le combat sur le terrain parlementaire. Car, la Cour constitutionnelle a, dans son verdict cité uniquement des phases de la Loi fondamentale. Mais, à aucun moment la Cour n’emploie le terme d’impeachment, de destitution. Celle-ci étant une prérogative exclusivement politique. Elle revient soit au Parlement, et à l’heure actuelle l’ANC détient 62% des sièges, soit aux organes du parti majoritaire. En l’occurrence, le Conseil exécutif de l’ANC, un organe de décision de 80 membres qui peut demander au président de partir. C’est d’ailleurs sous la pression de ce Conseil que l’ex-président Thabo Mbeki avait démissionné en 2008.
Mises à part ces subtilités liées au fonctionnement des appareils des partis politiques, le verdict de la Cour constitutionnelle est remarquable à plusieurs égards. C’est tout d’abord une cour de justice capable de demander des comptes à un chef d’Etat, fût-il en fonction. Mais aussi une victoire contre l’impunité. Une victoire pour la justice, tout court, l’idéal pour lequel Nelson Mandela et tous les héros de la lutte antiapartheid se sont battus afin que tous les Sud-Africains soient égaux devant la loi.