Déclaré vainqueur dernier de l'élection présidentielle en Centrafrique le 20 février dernier, Faustin-Archange Touadéra a été investi le 30 mars dernier. S’il y avait encore des gens qui ne croyaient pas à l’accession de Faustin-Archange Touadéra à la magistrature suprême de son pays, il serait temps qu’ils se rendent à l’évidence qu’il ne s’agit point d’un mirage. L’ancien Premier ministre centrafricain (2008-2013) a désormais la plénitude du pouvoir en Centrafrique. Et avec son investiture officielle, s’ouvre une nouvelle page de l’histoire de la République centrafricaine. Mais que va faire Touadéra de sa victoire ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres depuis le 20 février dernier. En effet, après trois ans d’une transition mouvementée, la Centrafrique se cherche encore. Dans ce pays, tout ou presque est à refaire. Et le nouveau président dans un premier temps ne sera que face à des urgences.
La première urgence sera de restaurer l’autorité de l’Etat. Il est question de créer les conditions d’un Etat viable. Ces derniers mois, le pays était en réalité une vaste étendue de terre où régnaient en maîtres toutes sortes de groupes armés, de quidams qui se prennent pour des messies et qui ont quasiment pris en otages les populations. Pour juguler ce chaos, des forces onusiennes ont été déployées dans le pays. En somme, la République centrafricaine vivait sous une tutelle internationale de fait. Avec des institutions démocratiquement élues à la suite d’élections qui ont connu l’adhésion du peuple, la Centrafrique va pouvoir se remettre en ordre de marche. Le président élu a donné le ton, il y a quelques jours, lors de son investiture : « Nous allons faire de la RCA, un pays uni, un pays de paix, un pays tourné vers le développement », a-t-il déclaré.
Ainsi au-delà de la restauration d’un Etat viable, Faustin-Archange Touadéra a évoqué un autre axe majeur de son mandat : la réconciliation. Les Centrafricains se méfient encore trop les uns des autres. C’est cette méfiance qui a culminé en une véritable guerre religieuse au cours des trois dernières années notamment, et dont les stigmates sont encore visibles aujourd’hui. Il est dès lors question de panser les plaies et de ramener les Centrafricains de tous bords, de toutes obédiences autour de la table pour rebâtir leur pays. Pour avoir été chef du gouvernement pendant cinq ans, mais également pour avoir été longtemps au contact de la jeunesse centrafricaine en tant qu’enseignant et recteur de l’université de Bangui, le nouveau président peut apprécier l’immensité de la tâche qu’il a à accomplir.
Mais pour réussir, Faustin-Archange Touadéra aura besoin de soutiens. S’il peut compter sur celui de la classe politique de son pays qui dans son écrasante majorité a contribué à le faire élire, les soutiens extérieurs devront se maintenir. Mais, les premiers signes ne sont pas encourageants, la France a notamment annoncé la fin de la mission de la force militaire Sangaris dans le pays. Le président centrafricain s'est rapidement déclaré inquiet de la fin de cette mission. Car, la sécurité du territoire centrafricain reste un enjeu majeur. Pour Faustin-Archange Toaudéra, « bien sûr, il y a les forces des Nations unies mais ces deux entités (Sangaris et Minusca, NDRL) se complètent dans leurs actions. Vu que le territoire est grand et que les menaces sont encore là, nous avons quand même des soucis ». Le nouveau président centrafricain va très vite se trouver dans le dur. Et il va lui falloir mettre à contribution sa riche expérience des affaires d’Etat pour se montrer à la hauteur de sa nouvelle mission.