Le nouveau directeur aura à cœur de venir à bout du désamour voué à sa formation sanitaire.
« Le chef de l’Etat, à travers le décret du Premier ministre chef du gouvernement, vous confie donc à partir de ce jour la lourde tâche de diriger l’hôpital Laquintinie. » Oui, ces paroles d’André Mama Fouda, ministre de la Santé publique, ne sont pas juste des mots. Effectivement, la tâche qui attend le Pr Louis Richard Njock est lourde. Il prend ainsi la tête d’un hôpital inauguré en 1931, véritable mastodonte dans le milieu sanitaire camerounais avec plus de 600 lits.
Les chiffres de 2015 sont assez édifiants : Plus de 71 759 personnes en consultation, donc une moyenne d’à peu près 6000 personnes par an. Plus de 73 000 malades en hospitalisation. Le taux d’occupation des lits dépasse 80% et il est de près de 100% en gynécologie. L’hôpital a réalisé en un an 2747 accouchements assistés, dont 490 césariennes. Par mois, on a une moyenne d’environ 200 à 250 femmes qui accouchent chaque mois et 40 à 50 césariennes pratiquées. Sans compter les autres actes comme les diagnostics de laboratoire, les analyses d’imagerie médicale, etc. chiffrés à plus de 90 000.
Pourtant, malgré ces statistiques impressionnantes, le Cameroun et même le monde auront retenu une seule image le 12 mars dernier. Celle du corps de Monique Koumateke, éventré pour faire sortir ses jumeaux, couché à même le sol à l’entrée même de la maternité récemment inaugurée. L’image de trop peut-être pour l’opinion publique. L’occasion de remettre en cause un hôpital qui a mal à son accueil et à sa prise en charge. Chacun y allait de sa petite expérience. Laquintinie a ainsi cristallisé tous les maux du système de santé du pays, dont l’image écornée ne s’est pas arrangée avec des incidents enregistrés dans d’autres formations hospitalières.
Les directives du ministre de la Santé publique du 31 mars 2016, relatives à l’accueil, l’orientation et la prise en charge des patients, auront ainsi sonné comme un rappel à l’ordre du corps médical. Un rappel à l’ordre pour l’hôpital Laquintinie, où ces directives doivent être urgemment appliquées. Il sera donc question pour le nouveau directeur de « relever le défi l’image de marque de Laquintinie en particulier, mais du corps médical en général », a martelé André Mama Fouda. Afin que la formation respecte sa vocation d’hôpital grand public.
