Quelle coïncidence ! Moins d’un mois après la fameuse réunion interdite d’un groupe de partis politiques opposés à la candidature éventuelle de Paul Biya à la prochaine présidentielle, un « rapport américain » sur les libertés publiques vient de tomber. Un de plus. Le quotidien de l’Economie qui en fait échos dans son édition de vendredi dernier, évoque un document émis par une organisation dénommée Freedom House, qui épingle le Cameroun comme pays où les droits politiques,
les libertés civiles et la liberté de la presse ne seraient pas « favorisés ». Dans une classification un peu floue des pays en fonction du résultat d’une évaluation tout aussi imprécise de la situation des droits politiques et libertés publiques, et constituée de trois groupes : « Libre », « partiellement libre » et « pas libre », le Cameroun se retrouve dans la dernière catégorie.
Faut-il s’en étonner ? Non. Pas que le Cameroun soit effectivement le cimetière des libertés et de la démocratie. Pas que le pays soit le coupe-gorge que certaines Organisations non-gouvernementales et autres procureurs du même acabit ont entrepris de dépeindre en déformant allégrement la réalité ou en grossissant volontiers le trait pour le discréditer aux yeux de la communauté internationale. Si ce énième rapport n’étonne pas, c’est bien parce qu’il n’est pas le premier. Depuis septembre dernier, une série de rapports tombent régulièrement sur le Cameroun. Ils concernent la situation sécuritaire, les droits de l’Homme, la démocratie, etc. Et l’on imagine bien qu’il ne sera pas le dernier. On sait les ONG occidentales et leurs commanditaires cachés, très friands de contextes bouillants comme celui que vit actuellement le Cameroun.
La scène politique s’est animée depuis la fin d’année dernière, à la faveur du déclenchement des appels à la candidature du président Paul Biya à la prochaine présidentielle. Ce n’est, a priori, pas une urgence nationale, vu que le pays poursuit depuis le début du septennat en cours, son ambitieux programme d’infrastructures, lui-même inscrit dans le projet d’atteinte du statut de pays émergent. Donc, concentré sur son développement économique, le Cameroun n’en demeure pas moins une démocratie jeune et impétueuse dont les acteurs, libres à souhait, ont la latitude d’exprimer leurs vœux et leurs attentes pour le futur immédiat. Les militants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais ont demandé à leur président national de présenter sa candidature et au besoin d’anticiper cette élection ; des adversaires ont ensuite estimé que l’intéressé ne devait pas y répondre favorablement ou qu’il n’en avait pas le droit en ce qui concerne l’option d’anticipation. Bref, la démocratie camerounaise - que les donneurs de leçons internationaux jugent pourtant embrigadée – s’exprime dans toute sa vigueur, avec parfois ses erreurs de jeunesse. Que nos objecteurs de conscience aient décidé de ne retenir que les erreurs, c’est leur choix. Mais l’erreur n’est-elle pas le gage de la progression, de l’amélioration vers l’excellence, comme l’a si bien développé le philosophe Gaston Bachelard ?
En tout cas, le Cameroun s’attèle à se construire. Malgré les obstacles. Le terrorisme de Boko Haram tente d’y mettre un frein. La dynamique qui puise sa force dans le sens patriotique des Camerounais n’en est que renforcée. Les rapports peuvent alors choisir de ne pas voir le préjudice causé au pays et braquer les projecteurs sur de prétendues exactions des forces de défense sur des civils, vouloir profiter de la situation sécuritaire dans les zones de conflit pour présenter le Cameroun comme un pays « à risque ». Ce ne sont pas ces manœuvres de distraction de l’opinion publique qui vont déconcentrer les Camerounais. Des rapports, il en ont vu d’autres.